L’horizon immédiat semble bien bouché pour l’assurance-vie. Mois après mois, les statistiques de l’Association française de l’assurance font état d’une baisse de l’encaissement (-12 % de janvier à août), d’une flambée des rachats opérés par les épargnants (+16 %) et d’un effondrement de la collecte nette (divisée par deux depuis début janvier). Le tout dans un contexte financier – taux d’intérêts bas, marchés actions déprimés, crise des dettes souveraines -particulièrement défavorable aux assureurs-vie. D’où la décision de Fitch d’abaisser sa perspective sur le secteur de « stable » à « négative ».
Profitabilité sous pression
« Le marché de l’assurance-vie entre désormais dans une phase de maturité alors qu’il avait toujours connu des taux de croissance réguliers et élevés », constate Marc-Philippe Juilliard, directeur senior au bureau parisien de Fitch. Comme le souligne l’agence, sa profitabilité reste sous pression. Au rayon des points négatifs, la trop faible part des contrats en unités de compte (à peine 15 % des cotisations), des produits traditionnellement bien margés pour les assureurs. Ces derniers « ont toujours autant de mal à en vendre, parce que le risque reste à la charge des assurés », rappelle Marc-Philippe Juil-liard. Et ce n’est pas la chute du CAC 40 depuis la mi-juin qui devrait inciter les Français à revenir vers ce type de contrats largement investis en actions.
Dans le même temps, l’environnement de taux d’intérêt bas comprime les marges des assureurs sur les fonds en euros. Fitch table sur une poursuite de la baisse des taux de rémunération servis aux assurés, qui étaient déjà tombés à 3,4 % en moyenne l’an dernier, soit 30 centimes de moins qu’en 2009. « La baisse sera probablement du même ordre cette année », anticipe Marc-Philippe Juilliard, ce qui rendra encore moins attractifs des produits concurrencés par certains placements bancaires. Pour Fitch, l’amélioration de la profitabilité du secteur dépend d’un redressement « significatif et durable » des marchés.
A contrario, l’agence de notation a relevé de « négative » à « stable» sa perspective sur l’assurance non-vie. Une manière de saluer l’amélioration des résultats techniques du secteur, grâce aux récentes hausses de tarifs et à l’absence de catastrophe naturelle majeure depuis juin 2010. « Etre capable de passer des hausses de tarifs trois années de suite sur un marché aussi compétitif, c’est pour nous une preuve de discipline », estime Marc-Philippe Juilliard. Au-delà, Fitch fait preuve d’un optimisme tempéré, rappelant que le marché français est quasi saturé et que les assureurs non-vie sont eux aussi affectés par la crise financière.