Groupama peine à clore la fusion de ses caisses régionales. L’assureur vert subit en effet la fronde des syndicats, qui s’inquiètent du rythme élevé des changements et de la dégradation du climat social.
Depuis 2001, le nombre des caisses régionales est passé de 18 à 9*. « Nous avons souhaité nous doter de caisses régionales de tailles plus homogènes et d’une gouvernance du groupe plus resserrée, pour être plus réactifs », explique Alain Kahn, directeur général de Groupama Méditerranée. La dernière fusion, entre Groupama Sud et Alpes Méditerranée, a été entérinée jeudi 13 octobre lors d’un comité d’entreprise extraordinaire. Non sans mal : les salariés avaient débrayé avant l’été, dénonçant la révision à la baisse de leur statut social. « Il y a toujours une des deux caisses qui absorbe l’autre. Là, c’est Groupama Alpes Méditerranée qui a absorbé Groupama Sud, alors qu’elle a un statut social moins bon », remarque la CFDT. Pourtant, c’est Jean Azéma lui-même, aujourd’hui patron de Groupama, qui avait instauré un temps de travail de 32 heures sur quatre jours à Groupama Sud ! Les syndicats s’acheminent vers un « pré-accord » sur le futur statut social des salariés de la nouvelle entité. De son côté, après plusieurs lettres à la direction et un débrayage fin juin, l’intersyndicale de Groupama Grand Est appelle de nouveau les salariés à la grève mardi 18 octobre. Parmi les revendications : négocier « un nouveau calendrier dans la conduite opérationnelle de la fusion », lit-on sur son tract.
Mobilités mal vécues
« Nous avons toujours fusionné les caisses dans de bonnes conditions sociales, en garantissant le maintien de l’emploi et des sites », affirme Alain Kahn. Des informations que confirment les syndicats. Alors pourquoi l’assureur vert fait-il face à une telle défiance ? Si les sites n’ont pas été fermés, ils sont devenus très spécialisés. Et certains salariés souffrent d’un reclassement qui appauvrit leurs perspectives de carrière et leur travail quotidien. Sur les 1 .800 collaborateurs de la caisse Groupama Méditerranée, 10 % ont ainsi accepté un reclassement. Les changements de poste s’accompagnent aussi de mobilités géographiques, parfois mal vécues. « Il est normal qu’il y ait des réactions. Certaines caisses régionales existaient en l’état depuis très longtemps », constate Alain Kahn.
Au climat social tendu s’ajoute une pression commerciale accrue. Et pour cause : Groupama n’a d’autre choix que de gagner en profitabilité. L’assureur vert a vu sa note dégradée par S&P le 23 septembre, puis par Fitch le 27 septembre. Les deux agences de notation pointent une marge de solvabilité qui s’étiole et des placements qui pèsent sur ses comptes. L’assureur détient par exemple 4,08 % de participation dans Société Généralecute; Générale ou 5,38 % dans Veolia Environnement, dont les actions ont plongé ces derniers mois. Groupama a également une exposition nette à la dette souveraine grecque de 540 millions d’euros. Jean Azéma a donc engagé un plan de réduction de coûts de 300 millions d’euros d’ici à 2013. Les fusions de caisses permettront d’ailleurs au groupe de faire des économies, en particulier sur les fonctions support et l’exploitation informatique. « La fusion nous permet de mieux amortir et à accompagner les développements des caisses », confirme Alain Kahn.
* Loire Bretagne, Centre Manche, Paris Val de Loire, Nord Est, Grand Est, Centre Atlantique, Oc, Rhône-Alpes Auvergne, Méditerranée.