Covéa ha annunciato ieri la decisione del ceo di ritirarsi temporaneamente dal cda di SCOR. Il riassicuratore francese chiede ancora le sue dimissioni, malgrado il tentativo di pacificazione di Thierry Derez, lamentando una situazione di conflitto di interesse generale. Covéa venderà anche la controllata Swinton al broker britannico The Ardonagh Group per 165 mln di sterline.

Laurent Thévenin

Covéa a annoncé jeudi la décision de son PDG de se retirer temporairement du conseil d’administration de SCOR. Le réassureur réclame toujours sa démission.
Le conflit monte encore d’un cran entre SCOR et Covéa. Malgré une tentative d’apaisement de Thierry Derez, le patron de Covéa, qui a annoncé jeudi la décision de se retirer « temporairement » du conseil d’administration du réassureur, SCOR a demandé dans la soirée son départ pur et simple évoquant une « situation de conflit d’intérêts général avéré ». Il s’agit d’une nouvelle étape dans la guerre larvée entre l’assureur mutualiste et le réassureur, dont il veut prendre le contrôle. Un mois après avoir essuyé un refus cinglant de SCOR, Covéa, qui détient plus de 8 % de son capital, réaffirme vouloir constituer « un grand groupe d’assurances français d’envergure internationale ».
Dans un communiqué publié jeudi soir, SCOR a fait savoir que son conseil d’administration n’avait pas changé de position, resserrant les rangs derrière le PDG, Denis Kessler. Réuni le 21 septembre, celui-ci a confirmé « à tous égards sa décision du 30 août 2018 de refuser résolument d’engager des discussions avec Covéa ».

Modalités « hostiles »
« Le mode opératoire et les modalités selon lesquels M. Thierry Derez et Covéa ont préparé, soumis et rendu public la proposition de rapprochement du 24 août dernier ainsi que leurs marques d’intérêt renouvelées ne peuvent qu’être considérés comme hostiles, inamicaux, et perturbent fortement le fonctionnement de la société », a déclaré le conseil d’administration à l’unanimité.
Jeudi matin, Covéa avait pourtant tenté de calmer le jeu. « Dans un souci de sérénité et d’apaisement, Thierry Derez a décidé de se mettre en retrait temporaire du conseil d’administration de SCOR, jusqu’à l’assemblée générale annuelle appelée à se réunir en 2019 », a déclaré la maison mère des marques GMF, MAAF et MMA. Covéa ne s’était pas exprimé publiquement sur le dossier depuis qu’il avait révélé, il y a trois semaines, la proposition de rapprochement faite au réassureur fin août et que celui avait catégoriquement rejetée. Le groupe mutualiste avait alors retiré son offre valorisant SCOR quelque 8 milliards d’euros, mais n’a rien perdu de son intérêt pour une opération « amicale ».
Pour SCOR, toutefois, « la notion de retrait temporaire d’un administrateur n’est visée ni par la loi ni par les statuts ou le règlement intérieur du conseil d’administration de SCOR ». « M. Thierry Derez reste donc tenu de démissionner du conseil d’administration », assène le groupe.

« Une large autonomie managériale »
Dans son communiqué, Covéa « regrette l’absence de toute discussion avec SCOR et les attaques dont il est l’objet ». L’assureur mutualiste n’a pas manqué de rappelé son engagement à soutenir « une large autonomie managériale » chez le réassureur en cas de rapprochement. Sur le fond, SCOR « constate qu’à ce jour l’offre financière de Covéa n’a pas eu l’écho espéré ». Alors que le prix proposé par l’assureur était à 43 euros par action, le cours de Bourse de SCOR ne s’est pas aligné sur ce niveau-là depuis que Covéa a révélé sa tentative infructueuse. Jeudi, à la clôture, le titre valait 40,40 euros.
Covéa affirme, lui, vouloir respecter « pleinement » son engagement datant du 8 avril 2016 de ne pas dépasser directement ou indirectement, le seuil de 10 % du capital jusqu’au 7 avril 2019. Au-delà, l’assureur sera donc délié de tout engagement et pourra donc revenir à la charge. Les six mois qui viennent pourraient être agités.

L’assureur mutualiste réduit la voilure au Royaume-Uni
L. T.
Covéa va céder sa filiale Swinton au courtier britannique The Ardonagh Group pour 165 millions de livres.
La coïncidence est saisissante. Alors qu’il rêve de construire un groupe d’assurance d’envergure mondiale en mettant la main sur le réassureur SCOR, Covéa réajuste à la baisse son dispositif au Royaume-Uni. L’assureur français a annoncé jeudi la cession de Swinton Group, son activité de courtage en assurances-dommages pour les particuliers au Royaume-Uni. Le montant de la transaction – communiqué par l’acquéreur, le groupe de courtage britannique The Ardonagh Group – s’élève à 165 millions de livres (environ 185 millions d’euros). Ce mouvement, justifie le groupe mutualiste dans un communiqué, « permettra à Covéa de se concentrer sur son activité de souscription au Royaume-Uni, et d’aligner ainsi sa stratégie au Royaume-Uni sur celle du groupe en France et à l’étranger ».

Acquis par sa filiale anglaise en 2001, Swinton était en perte de vitesse ces dernières années. En 2017, ce courtier, qui distribue essentiellement des contrats auto et habitation et professionnels, avait vu son chiffre d’affaires diminuer de 30 %, à 129 millions d’euros. Face à des consommateurs britanniques qui achètent de plus en plus leur assurance sur Internet, Swinton (1 million de clients en portefeuille à fin décembre) a fait évoluer son modèle pour le tourner d’abord vers la vente à distance.
Cette réorientation s’est traduite par la fermeture de plusieurs dizaines de points de vente, avec un réseau de boutiques qui s’est réduit à peau de chagrin au fil des années. Swinton a aussi investi 45 millions de livres dans sa digitalisation et sa transformation au cours des deux dernières années, indique The Ardonagh Group.

Un marché toujours stratégique
« Le Royaume-Uni demeure un marché stratégique pour Covéa, qui y conserve sa filiale d’assurance Covea Insurance », déclare dans un communiqué Pierre Michel, directeur général réassurance et international chez Covéa. L’an dernier, ses primes acquises y ont atteint 782 millions d’euros. Encore très franco-français, le groupe rassemblant les enseignes GMF, MAAF et MMA a vu ses activités d’assurances à l’international représenter à peine plus de 10 % de son chiffre d’affaires total en 2017, soit 1,74 milliard d’euros (-13,4 % d’une année sur l’autre). Celles-ci ont contribué à hauteur de 23 millions d’euros au résultat net part du groupe, contre 55 millions en 2016.
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