LAURENT THÉVENIN
PRÈS DE LA MOITIÉ D’ENTRE EUX PENSENT AUGMENTER LEUR EXPOSITION
AU RISQUE DANS LES DOUZE À VINGT­QUATRE PROCHAINS MOIS. LE
SECTEUR MONTRE DE L’APPÉTIT POUR LES MARCHÉS PRIVÉS.
Taux d’intérêt proches de zéro, voire négatifs, croissance en berne, fortes incertitudes
géopolitiques, Brexit… l’environnement s’est singulièrement compliqué pour les assureurs. Et
pourtant ceux­ci font toujours preuve « d’un solide appétit pour le risque » dans leurs politiques
d’investissement, comme le souligne une étude menée par The Economist Intelligence Unit pour
BlackRock auprès de 315 dirigeants de compagnie d’assurances et de réassurance dans le
monde. Ils sont ainsi 47 % à envisager d’augmenter leur exposition au risque dans les douze à
vingt­quatre prochains mois, tandis que 46 % d’entre eux pensent la maintenir au même niveau. Le
secteur fait toutefois preuve d’une plus grande prudence qu’en 2015, quand 57 % des assureurs
disaient avoir voulu prendre plus de risques. Cela dit, dans l’étude 2016, seuls 8 % des répondants
prévoient de réduire leur exposition.
La quête de rendements dans un monde de taux bas pousse les assureurs à élargir leur terrain
d’action.« Ils sont aujourd’hui prêts à prendre des risques de manière ciblée. Ils sont par exemple à
l’aise avec le risque d’illiquidité et les investissements sur les marchés privés. Il y a de plus en plus
le besoin pour eux d’aller vers des classes d’actifs alternatives, comme le “private equity” »
signale Patrick Liedtke, responsable du département gestion des actifs d’assurance pour l’Europe
chez BlackRock. Plus de 60 % des dirigeants interrogés pensent ainsi accroître l’exposition de
leurs portefeuilles d’investissement à trois types d’actifs ou plus sur les marchés privés. Ils sont
53 % à vouloir le faire pour les prêts directs à l’immobilier, 48 % pour les actions de sociétés
immobilières commerciales et 49 % pour le non­coté (contre 27 % en 2015).
Ils apparaissent par ailleurs davantage enclins qu’en 2015 à aller vers les actions : 21 % des
répondants prévoient ainsi d’augmenter leur poche actions, contre 13 % dans l’étude précédente.
Mais ils sont aussi plus nombreux que l’année précédente (47 %, contre 38 % en 2015) à vouloir
s’exposer davantage aux obligations d’Etat. Cette classe d’actifs, qui n’est pas chargée en capital
dans le nouveau régime prudentiel européen de Solvabilité II, «offre également un contrepoids
essentiel à une plus grande prise de risque dans le reste du portefeuille » explique BlackRock.
La détention de liquidités va également se faire plus grande, 50 % de compagnies prévoyant de
garder plus de cash, contre 36 % en 2015. Ce qui, selon Patrick Liedtke, témoigne du fait
qu’elles « sont en train d’augmenter leurs marges de manoeuvre pour faire face à une
correction des marchés et pouvoir saisir des opportunités d’investissement ».
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