Le bout du tunnel n’est peut-être plus très loin pour les réassureurs. Alors qu’ils ont dû passer des baisses de tarifs marquées ces dernières années, ils s’attendent à mieux pour les renouvellements de contrats au 1er janvier, corroborant les pronostics des agences de notation (« Les Echos » du 11 septembre). « Il y a toujours une pression sur les prix, les termes et les conditions des couvertures de réassurance, quoique d’une intensité décroissante », a déclaré dimanche Munich Ré, le numéro un mondial, lors des Rendez-vous de septembre, point de départ des négociations tarifaires pour 2016.
Lors de ce sommet – qui réunit cette semaine à Monte-Carlo les réassureurs, leurs clients assureurs et leurs courtiers – son concurrent français SCOR a indiqué tabler, lui aussi, sur « un ralentissement des baisses de prix ». « Dans beaucoup de segments, nous avons atteint un point où il devient très difficile de faire davantage de concessions tarifaires », affirme Victor Peignet, le directeur général de SCOR Global P&C. Pour Swiss Re comme pour Hannover Re, respectivement les deuxième et troisième réassureurs mondiaux, les tarifs devrait même « se stabiliser » sur plusieurs lignes d’activité. « Mais cela reste un marché d’acheteurs », souligne Ulrich Wallin, le président de Hannover Re, faisant référence au fait que l’offre est toujours largement supérieure à la demande.
Déficit de protection
« Le principal problème aujourd’hui, c’est le manque de croissance de l’assurance, estime Victor Peignet. La pénétration de l’assurance ne progresse pas aussi vite qu’imaginé. » D’après Swiss Re, la sous-assurance des risques dommages représente « un défi global et croissant ». « Le déficit de protection contre les catastrophes naturelles a augmenté continuellement dans le monde depuis dix ans », s’inquiète ainsi le réassureur suisse, dans une étude publiée lundi. Sur cette période, 70 % des dommages économiques, soit 1.300 milliards de dollars, n’étaient pas assurés. Le déficit de protection pourrait atteindre 153 milliards de dollars par an dans les années à venir pour les seules « cat nat » – avec une sous-assurance notable aux Etats-Unis, au Japon et en Chine – et 221 milliards de dollars en comptant l’ensemble des risques dommages. Tout l’enjeu pour les assureurs et les réassureurs sera évidemment d’arriver à combler ce déficit de protection, sachant que « cela peut être l’une des sources de croissance les plus significatives pour l’industrie », selon Swiss Re.
Le champ des possibles semble grand ouvert. « Nous devons embrasser non seulement les changements technologiques mais aussi les évolutions économiques et sociales, et faire en sorte que les risques qui les accompagnent puissent être assurés », insiste pour sa part Torsten Jeworrek, membre du directoire de Munich Ré