Danone, Ingenico, Axa Private Equity (Axa PE), même combat? La société de capital-investissement, dont l’assureur Axa a confirmé mercredi étudier une possible cession, pourrait s’ajouter à la liste des sociétés françaises ayant déclenché des bouffées de patriotisme économique. Selon une source proche du dossier, la société de portefeuille française Eurazeo serait « très intéressée » par Axa PE, valorisé entre 250 et 300 millions d’euros. Mais les grands fonds américains Carlyle et KKR le seraient tout autant, ainsi que le fonds souverain de Singapour. Une concurrence qui, de sources concordantes, serait en train de conduire Eurazeo à tenter de mobiliser les pouvoirs publics (Elysée, Fonds stratégique d’investissement) en sa faveur, plaidant pour un maintien d’Axa PE dans des mains françaises, celle-ci n’étant autre que la plus grande société de capital-investissement de l’Hexagone, avec 28 milliards de dollars d’actifs gérés. Interrogé par « La Tribune », Eurazo n’a pas souhaité faire de commentaire. Le hic, c’est que, « compte tenu de la dimension internationale d’Axa PE, le management de ce dernier n’est pas favorable à une reprise par Eurazeo, qu’il juge trop franco-français », affirme l’une des sources. Or, l’avis du management compte beaucoup, celui-ci devant rester aux commandes d’Axa PE en cas de cession, faute de quoi, nombre de clients risqueraient de quitter la société, le private-equity étant avant tout un métier de relations humaines.
« Différence culturelle »
« Le management d’Axa PE ne nourrit aucune animosité à l’égard d’Eurazeo », nuance une autre source, tout en reconnaissant « qu’il existe une différence culturelle » entre la société dirigée par Patrick Sayer, à l’actionnariat familial, et Axa PE, dont 82 % des actionnaires sont étrangers et constituent une véritable machine à lever des fonds.
En tout état de cause, le rachat de la société néerlandaise de capital-investissement AlpInvest par Carlyle, en janvier, inspirerait beaucoup Dominique Senequier, présidente du directoire d’Axa PE. Car, dans le cadre de cette opération, l’Américain avait pris 60 % seulement d’AlpInvest, laissant au management du Néerlandais 40 % du capital et 51 % des droits de vote, ce qui avait conféré aux managers le pouvoir de décision au sein du conseil d’administration. Or Dominique Senequier tient justement à ce que le management d’Axa PE demeure autonome.
Encore faut-il que Carlyle soit réellement intéressé par Axa PE. Le fonds « examinera sans doute le dossier, comme toute la place le fera, mais Axa PE présente beaucoup de doublons avec Carlyle. Dont les derniers développements se sont de plus focalisés, non pas sur l’Europe mais sur l’Asie, l’Afrique et les États-Unis », rappelle-t-on dans l’entourage du géant américain. Celui-ci dispose encore de quelques jours pour se décider, la date butoir de remise des offres préliminaires pour le rachat d’Axa PE étant le 4 octobre, selon nos informations.