Comment le plus grand courtier mondial envisage-t-il les renouvellements des contrats de réassurance pour 2012 ?
Le marché est plus tendu qu’en septembre 2010, compte tenu de toutes les catastrophes du début d’année, mais la tendance générale semble toujours être à la stabilité des prix, voire à de légères baisses. Je sais que nous exprimons là une opinion différente de celle de beaucoup d’acteurs, mais c’est ce que nous avons constaté dernièrement pour les catastrophes américaines. Lors des renouvellements de juin et de juillet, nous avons obtenu pour nos clients des évolutions comprises entre 0 et – 5 % en moyenne, alors que le marché et d’autres courtiers évoquaient des augmentations allant jusqu’à 15 %.
Pourquoi un tel pronostic ?
L’offre et la demande sont toujours là et la capitalisation du secteur de la réassurance est restée solide, malgré les catastrophes naturelles.
Après le séisme au Japon, certains observateurs tablaient sur une hausse généralisée des prix de l’assurance et de la réassurance…
Nous disons depuis un an qu’il faudrait que le secteur soit touché pour plus de 100 milliards de dollars pour qu’une hausse se produise. La plus grande catastrophe de l’histoire de l’assurance -la succession des ouragans Katrina, Wilma et Rita en 2005 -a coûté 60 milliards de dollars. Pour le Japon, cela devrait être deux fois moins. Par ailleurs, nous sommes à la fois sur un marché global et régional. Cela veut dire qu’une grande tempête aux Etats-Unis n’aura pas forcément un impact ailleurs dans le monde. Après Katrina, les tarifs n’ont pas augmenté en Europe pour le risque vent, par exemple.
En quoi le monde de l’assurance a-t-il le plus changé depuis le 11 Septembre ?
Avec les attaques contre les « twin towers », nous avons pris la pleine mesure des risques non traditionnels, dont le risque terroriste. Nous évoluons dans un univers de risques de plus en plus larges et de plus en plus complexes. Nous le voyons bien avec nos clients qui sont exposés aussi bien à des risques de rupture de la chaîne d’approvisionnement, comme cela s’est passé après le tremblement de terre au Japon, ou de cyberterrorisme. Ce qui entraîne une demande de plus en plus forte pour le conseil et l’accompagnement.
Les nouvelles normes Solvabilité II peuvent-elles entraîner une consolidation du secteur et une hausse des tarifs ?
A partir du moment où ces normes imposent des exigences de capitaux supplémentaires, il y aura des implications pour les assureurs et les assurés. Le monde de l’assurance est relativement fragmenté en Europe. Il y aura toujours de nouveaux acteurs, comme on l’a vu récemment en France sur les grands risques, et le marché restera ouvert.