Avec 3,5 millions de malades en France, le diabète est l’un des grands fléaux pour la santé publique. Cette pathologie continue à se développer dans la population, de pair avec le surpoids, le vieillissement et la sédentarité. Dans son dernier rapport annuel, l’Assurance-maladie (Cnam) tire la sonnette d’alarme : la croissance du nombre de patients (+2,9 % par an), combinée à la diffusion des thérapies innovantes, pourrait accroître la facture des remboursements d’antidiabétiques de 562 millions d’euros entre 2015 et 2020.« L’enjeu financier est majeur, alors que son importance est sans doute moins immédiatement perçue que celle des innovations dans des domaines tels que l’oncologie ou l’hépatite C », insiste la Cnam.
7,7 milliards d’euros par an pour les complications
En 2014, le coût du diabète s’est élevé à 10 milliards d’euros par an, dont 2,3 milliards pour les dépenses directement imputables et 7,7 milliards pour les complications (amputation du pied, cécité…). Si l’on peut désormais vivre de longues années avec un diabète, l’état de santé général est souvent très dégradé. Par conséquent, l’addition finale est encore plus salée.« La somme de l’ensemble des dépenses remboursées à des patients diabétiques s’élève à 19 milliards d’euros par an, soit 15 % des dépenses d’assurance-maladie individualisables pour tous les assurés », écrit la Cnam.
Les médicaments sont en fin de compte loin d’être ce qui coûte le plus cher dans le diabète : environ 1,1 milliard d’euros par an. De plus, ces dernières années, l’évolution du coût moyen du traitement est demeurée assez sage. Toutefois, l’assurance-maladie voit monter avec inquiétude la vague des agonistes du GLP1, les médicaments les plus récents.
Ils coûtent 55 à 163 euros par mois, contre 3 à 13 euros pour la metformine et 1,5 à 24 euros pour les sulfamides, des molécules anciennes, donc déclinées en génériques. Les AGLP1 devraient être prescrits de plus en plus souvent en association avec l’insulinothérapie. Cette dernière se développe non seulement du fait de l’allongement de l’espérance de vie, mais aussi d’un« changement des pratiques » médicales. Un quart des patients sont désormais traités à l’insuline.
Alors que le débat monte sur le coût des traitements les plus récents, les laboratoires pharmaceutiques insistent pour que les payeurs publics prennent en considération le coût global de chaque patient, plutôt que celui des molécules. Ainsi, le laboratoire MSD a commandé une étude aux économistes de la santé du cabinet Cemka, qui montre que les gliptines, un autre médicament de conception récente (2007), coûtant 40 euros par mois selon la Cnam, ne renchérissent pas tant que cela la facture par rapport aux médicaments anciens et génériqués. En association avec la metformine, la cure coûte 605 euros par an, et est 335 euros plus chère qu’une association metformine-sulfamides. Mais ce surcoût se réduit à 167 euros si l’on compare la dépense totale de soins présentée au remboursement par la personne diabétique, soit 4.136 euros au lieu de 3.969 euros. Avec les gliptines, on table sur moins d’hypoglycémies, donc moins d’hospitalisations. De quoi rendre l’innovation plus digeste pour la Sécurité sociale.
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