« 2011 devrait rester une année en demi-teinte pour la profession, mais nous n’anticipons pas de sorties massives. »
Bernard Le Bras, Directeur exécutif de Suravenir
Les Français délaissent l’assurance-vie depuis sept mois consécutifs. Pour quelles raisons ?
Pour les bancassureurs, la baisse de la collecte provient notamment de l’orientation de l’épargne vers les livrets bancaires. Les banques ont en effet besoin de trouver de la ressource bilantielle pour mettre en face de leur activité de crédit. La baisse de la collecte tient aussi à l’évolution des taux des livrets d’épargne. Le passage du taux du livret A à 2,25 % réduit l’écart en faveur de l’assurance-vie [3,40 % en moyenne en 2010, Ndlr]. Retranché de sa fiscalité, le taux de rendement de l’assurance-vie atteint quasiment le même que celui des livrets d’épargne réglementée, totalement défiscalisés. Les livrets sont aussi considérés par les épargnants comme des produits sans risque, où le taux promis est servi quoi qu’il arrive.
Les taux de rendement de l’assurance-vie vont-ils continuer à baisser à la fin de l’année ?
Oui, inévitablement, et toujours un peu pour les mêmes raisons. L’OAT 10 ans français était à 2,82 % le 30 août. Quand une compagnie place la majeure partie de ses avoirs à ce taux-là, elle ne peut pas faire de miracle. La baisse des taux obligataires continue par conséquent de faire baisser le taux de rendement moyen. La partie investie en actions peut apporter un complément de rendement aux compagnies, mais la période n’est pas propice pour le moment… Après, quelle sera l’ampleur de la baisse, c’est encore trop tôt pour le dire.
Tous les canaux de distribution d’assurance-vie sont-ils touchés ?
Sur Internet, Suravenir est en progression, en termes de versements et d’ouverture de nouveaux contrats. Les contrats proposés sur ce canal sont à la hauteur de leur promesse, avec des taux de rendement proposés qui sont supérieurs à la moyenne du marché. Cela suit aussi la tendance de fond du développement du commerce en ligne. Chez nous, le recul le plus marqué de la collecte s’observe dans la distribution via les réseaux bancaires. Les conseillers en gestion de patrimoine maintiennent quant à eux leur activité.
Anticipez-vous un ou plusieurs mois de décollecte d’ici la fin de l’année ?
Pas nécessairement. Pour qu’il y ait décollecte, il faudrait que les épargnants effectuent des rachats massifs sur leurs contrats. Mais pour en faire quoi ? Les épargnants ne sont pas prêts aujourd’hui à investir largement sur les actions. Il peut y avoir quelques arbitrages en faveur de l’immobilier de défiscalisation, secteur sur lequel les conseillers en gestion de patrimoine indépendants sont très axés. 2011 devrait rester une année en demi-teinte pour la profession, mais nous n’anticipons pas de sorties massives. (Lire la suite de l’interview sur latribune.fr)