Les grands réassureurs ont été durement touchés par l’accumulation de catastrophes naturelles depuis le début de l’année. Munich Re a publié une perte de 210 millions d’euros au premier semestre. Hannover Re, Swiss Re et Scor sont restés dans le vert mais leurs bénéfices semestriels ont lourdement chuté de 29,7 %, 69,6 % et 74,4 % par rapport à l’année précédente.
Les dégâts financiers causés depuis début 2011 sont malgré tout supportables pour les acteurs mondiaux de la réassurance : « Le marché était en excédent de fonds propres à la fin 2010 (20 milliards de dollars pour les réassureurs), les événements catastrophiques depuis le début de l’année ne feront qu’annihiler ces excédents. Mais si l’été est violent en termes d’ouragans américains, nous pouvons potentiellement nous retrouver dans une situation de manque de fonds propres », indique Éric Paire, directeur grands clients européens et activités de conseil chez Guy Carpenter. La saison des tempêtes est sévère cette année dans le Missouri, l’Alabama et le sud des États-Unis. Or, les capitaux seront, le cas échéant, plus difficiles à trouver. « Le marché du capital investissement et notamment du LBO n’est plus aussi flamboyant qu’avant la crise », ajoute-t-il.
L’après-11 septembre
Contrecoup de ces incertitudes sur le marché de la réassurance, la possibilité d’un retournement du marché mondial de l’assurance des grands risques industriels se renforce et pourrait se traduire par une remontée des tarifs. Auparavant, « les anticipations d’un redressement brutal du marché (étaient) faibles, contrairement à l’après-11 septembre 2001 », indiquait Éric Paire fin juin.
Jusqu’à récemment, les entreprises gardaient donc un pouvoir de négociation important sur les prix pratiqués par les assureurs dommages, tout en conservant un bon niveau de garanties. « Un coup de téléphone bien placé pouvait faire passer en quelques minutes un plafond de garantie de 100 à 150 millions d’euros », affirme un acteur du marché.
Malgré leur ampleur, le séisme et le tsunami japonais de mars dernier n’ont pas affecté cette tendance dans la mesure où les assureurs et les réassureurs étrangers n’ont pris en charge que 30 % des dommages assurés, contre plus de 60 % pour les acteurs locaux (voir le graphique ci-contre). Par comparaison, le marché international avait assumé 64 % des indemnisations après le 11 septembre 2001 et 60 % après l’ouragan Katrina en 2005.
À la mi-juin 2011, 612.000 sinistres japonais étaient réglés pour environ 12,1 milliards de dollars, alors que les pertes totales des assureurs sont évaluées entre 20 et 45 milliards de dollars. Le groupe japonais Tepco, exploitant la centrale de Fukushima Daini, n’était quant à lui pas assuré pour les dommages aux biens causés dans ses centrales nucléaires. Mathias Thépot