La transparence et la prudence ont du bon, plus encore lorsque l’environnement économique est aussi incertain. En annonçant, dès le 28 juillet, que ses résultats seraient plus affectés que prévu par la crise grecque, le Crédit Agricole a désamorcé une partie des angoisses des investisseurs. Ceux-ci ont en effet chaleureusement salué les résultats trimestriels du groupe dont le titre a progressé de 11,11 % en séance avant de terminer en hausse de 4,81 %, à 6,51 euros, dans un marché baissier.
Crédit Agricole SA, qui ne consolide qu’un quart du résultat des caisses régionales, a pourtant enregistré au deuxième trimestre un recul de 10,6 % de son résultat net sur un an, à 339 millions d’euros. Mais le fardeau grec s’est révélé un peu moins lourd, avec un impact net négatif de 640 millions d’euros. Le groupe se montre toutefois prudent sur sa capacité à redresser les comptes de sa filiale Emporiki avant 2013 ou 2014 et confirme qu’une nouvelle augmentation de capital sera nécessaire d’ici à la fin de l’année.
Les analystes ont surtout été rassurés par les bonnes performances opérationnelles des métiers stratégiques du Crédit Agricole. Leur dynamisme a en effet permis d’accroître de 1,1 % sur un an le produit net bancaire au deuxième trimestre. Au cours des six premiers mois de l’année, cet équivalent du chiffre d’affaires pour les banques a même atteint un montant record dans l’histoire de Crédit Agricole SA, soit 10,8 milliards d’euros, en progression de 5,3 % sur un an. Au total, la bonne maîtrise des charges a permis au groupe mutualiste d’afficher un résultat brut d’exploitation trimestriel en progression de 6,6 % par rapport au second trimestre 2010, à 2,2 milliards d’euros. Sur le semestre, la progression atteint 13,5 %.
Refinancement très diversifié
Ces bons chiffres ont permis au Crédit Agricole de renforcer sa solidité financière : le ratio de fonds propres durs (« core » Tier-1) est passé de 8,4 % à 8,9 % en six mois. Jean-Paul Chifflet, directeur général de Crédit Agricole SA, a par ailleurs assuré que son établissement n’avait pas de problème de liquidités car son modèle de refinancement était très diversifié et géographiquement très étendu, avec plus de 25 trésoreries à sa disposition dans le monde, notamment en Asie et au Moyen-Orient pour le dollar. « Sur un programme annuel de 27 milliards d’euros de refinancement long terme, nous allons chercher 22 milliards d’euros sur les marchés et 5 milliards dans notre réseau. Début août, nous avions déjà réalisé 90 % de nos objectifs sur les marchés et 71 % pour ce qui concerne notre réseau, conformément au calendrier fixé. La banque dispose en outre de plus de 120 milliards d’euros de réserve de liquidités dont 80 milliards immédiatement disponibles », a-t-il détaillé. Et d’ajouter pour lever tout doute : « Le groupe dépose chaque soir entre 15 et 20 milliards de dollars à la Fed. »
Dans ce contexte et convaincue que le scénario d’une reprise lente est le plus probable, la banque mutualiste a confirmé l’objectif qu’elle s’est fixé au printemps dernier d’atteindre entre 9 et 10 milliards d’euros de bénéfices à l’horizon de 2014.