CNP Assurances, qui présentait vendredi ses comptes semestriels, s’est surtout attaché à démontrer sa capacité à faire face aux chocs. Parti prenante au plan de soutien à Athènes arrêté il y a dix jours, le groupe dirigé par Gilles Benoist a absorbé une dépréciation de 21 % sur la valeur de ses titres d’Etat grecs, sans que cela n’entache son résultat net. Le premier assureur de personnes en France a en effet pioché dans sa provision pour participation aux excédents (PPE) pour éponger ce coût de 353 millions. L’occasion pour Gilles Benoist de vanter « la politique constante de la CNP depuis son introduction en Bourse, qui consiste à constituer des protections contre les crises quand les temps sont bons ou que les résultats le permettent ». Après cette reprise de provision, sa PPE s’élève à 2,74 milliards.
Comme les autres grands créanciers privés de la Grèce, l’assureur devrait passer l’été à disséquer les différentes options offertes par le plan de sauvetage européen. « Il est probable que notre conseil d’administration sera saisi du sujet début septembre », indique Antoine Lissowski, le directeur financier.
Sur les six premiers mois de l’année, la CNP a dégagé un bénéfice stable, à 543 millions, mais un chiffre d’affaires en nette baisse (- 13,7 %, à 15,28 milliards). Elle a dû faire face à la désaffection marquée des épargnants français et italiens pour l’assurance-vie, qui reste de loin sa première activité. Dans l’Hexagone, son chiffre d’affaires a baissé de 14,5 %, à 12,05 milliards (- 17,7 % en épargne). Comme le reste du marché, la CNP a souffert de la concurrence du Livret A, du choix fait par certains réseaux bancaires – notamment les Caisses d’Epargne, qui distribuent ses produits -de privilégier l’épargne bilantielle et de la moindre épargne des Français. Le recul a été encore plus marqué en Italie (- 55,4 %, à 855 millions).
Plusieurs bonnes nouvelles
Dans ce contexte morose, l’assureur a préféré signaler la progression de ses ventes en unités de compte, plus rémunératrices pour un assureur et qui pèsent désormais 10,8 % du chiffre d’affaires épargne-retraite en France et 18,5 % au niveau du groupe. Il a aussi souligné la bonne tenue des produits de risque (prévoyance, assurance-emprunteur) et l’amélioration de la marge sur affaires nouvelles, passée de 12,3 % fin décembre à 14,3 % fin juin. Autant de bonnes nouvelles pour un groupe qui dit donner la priorité aux marges.
Autre « élément clef pour résister à un environnement hostile », la diversification à l’international contribue à hauteur de 40 % au résultat brut d’exploitation, avec notamment un développement toujours aussi soutenu au Brésil (+ 16,2 %), le deuxième marché de la CNP après la France.