Laurent Thévenin
A 12,2 milliards d’euros sur le premier semestre, la collecte nette renoue avec ses plus hauts niveaux.
Le marché de l’assurance-vie conforte son retour en grâce. La collecte nette (cotisations encaissées moins prestations versées) a encore atteint 2 milliards d’euros au mois de juin, selon les statistiques publiées mercredi par la Fédération française de l’assurance (FFA). Un niveau dans la moyenne des six premiers mois de l’année. Le premier semestre s’est déroulé à un rythme de métronome, la collecte nette mensuelle ayant toujours été comprise entre 1,7 milliard d’euros (en mars) et 2,4 milliards (en janvier).
Sur le premier semestre, le solde est positif de 12,2 milliards d’euros. C’est déjà bien plus que sur toute l’année 2017, qui s’était conclue sur une collecte nette anémiée à peine supérieure à 7 milliards d’euros. « Ces chiffres sont dans une bonne moyenne », a commenté à l’AFP Bernard Spitz, le président de la FFA. Il faut remonter au premier semestre 2011 pour trouver trace d’une bien meilleure performance sur six mois.
Cette année, l’assurance-vie a véritablement trouvé un deuxième souffle après avoir connu un gros creux de septembre 2016 à juin 2017
. Durant cette période, la collecte nette avait d’abord pâti de l’inquiétude des épargnants sur le projet de loi dit « Sapin II » introduisant la possibilité de restreindre ou de bloquer temporairement les rachats en cas de menace sur le système financier. L’avant-élection présidentielle avait ensuite, comme souvent, généré beaucoup d’attentisme chez les épargnants, qui ont préféré se tourner vers l’immobilier ou des placements plus liquides. Ce mouvement avait encore été amplifié par les débats autour d’un éventuel « Frexit », c’est-à-dire d’une sortie de la France de la zone euro. Une fois ces inquiétudes levées, la seconde moitié de l’année 2017 avait vu un léger mieux, malgré un nouveau trou d’air passager en novembre (-400 millions d’euros).
Des rendements meilleurs que prévu
En 2018, en revanche, rien n’a fait dévier les épargnants de l’assurance-vie.
Les rendements servis au titre de 2017
pour les fonds euros – ces supports offrant la garantie du capital à tout moment et qui représentent toujours le gros de la collecte brute – ont baissé moins que prévu. Et le projet de loi Pacte, présenté au printemps, qui veut dynamiser l’épargne retraite et relancer le contrat euro-croissance ne va pas venir modifier les grands équilibres de l’assurance-vie.
Résultat, les épargnants ont versé 12,3 milliards d’euros sur leurs contrats d’assurance-vie au mois de juin, une collecte brute seulement surpassée au mois de janvier (13,4 milliards). Surtout, ils se sont portés davantage sur les supports en unités de compte (UC) – qui n’offrent pas la garantie du capital, mais font espérer sur le long terme un rendement meilleur que les fonds euros.
En 2018, les UC représentent 30 % des cotisations, contre 28 % en 2017 et 20 % en 2016. Ce qui constitue une très bonne nouvelle pour les assureurs, puisque ces produits leur demandent d’immobiliser beaucoup moins de capitaux propres que les fonds euros
Ceux-ci peuvent par ailleurs compter sur des encours toujours en hausse (+3 % sur un an), qui atteignaient 1.701 milliards d’euros. C’est un élément essentiel puisqu’en assurance-vie, ce sont les encours qui font les revenus.
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