Il y aura sans doute prochainement un nouveau champion de l’assurance-emprunteur en Europe. AXA, actuellement sixième acteur européen dans le domaine des assurances sur le crédit à la consommation et aux cartes de crédit via son activité AXA Creditor devrait mettre la main sur Genworth Lifestyle Protection Insurance (LPI), septième acteur du secteur. L’assureur français a indiqué mercredi avoir signé un accord d’exclusivité avec la maison mère de LPI, l’assureur américain Genworth Financials. Ce dernier avait de longue date désigné cette filiale comme « non stratégique ». Sous réserve des autorisations nécessaires, l’acquisition serait finalisée avant la fin de cette année, et donnerait naissance au numéro trois européen, avec 9 % de parts de marché.
Pour un montant de 475 millions d’euros, cette opération serait de taille moyenne pour AXA, qui déroule ses ambitions dans les produits de prévoyance. Ces métiers jouissent de l’attention des assureurs, étant à la fois rentables et relativement moins consommateurs en capital. Dans le cas d’AXA, l’objectif est d’augmenter de 5 points la part des affaires nouvelles Prévoyance et Santé au sein de l’ensemble des affaires nouvelles du groupe. En 2010, cette part s’élevait à 31 %, l’objectif est donc d’atteindre 36 % à fin 2015.Pour information, fin 2014, ce niveau avait déjà été dépassé, à 37 %.
Atteindre une taille critique
L’affaire paraît bon marché, puisque AXA rachèterait la cible à seulement 0,65 fois la valeur de ses fonds propres de 2014. « Mais dans le même temps, les performances de Glenworth LPI ne paraissent pas très dynamiques », souligne un bon connaisseur du secteur. Rentable, l’entreprise présente un résultat d’exploitation net de 6 millions d’euros pour 714 millions de chiffre d’affaires en 2014. Dans le même temps, le ratio combiné (rapport entre les charges de sinistre et les primes perçues), jauge qu’il vaut mieux maintenir sous la barre des 100 %, dépasse cette limite. Beaucoup dépendra donc des synergies qu’apportera l’assureur français.
Or, sans connaître les projets d’AXA dans le domaine, l’acquisition présente une motivation économique claire. AXA saisit « une opportunité unique d’atteindre immédiatement une taille critique en Europe et de se positionner afin de capturer le potentiel des marchés émergents », souligne Denis Duverne, directeur général délégué d’AXA dans l’annonce de l’accord. De fait, les deux entités – dont les chiffres d’affaires sont de niveau comparables – sont très complémentaires sur le plan géographique : l’activité d’AXA Creditor (voir graphique) est centrée à 67 % sur la France. Chez Genworth, l’Hexagone ne pèse que 18 % de l’activité. En revanche, il offrirait à AXA de belles têtes de pont en Finlande, en Allemagne ou encore en Italie. AXA s’intéresse en outre à la plate-forme informatique de la cible.