J. G. E.
La gestion d’actifs est devenue l’une des industries financières les plus rentables. Les produits proposés sont en pleine mutation.
L’industrie de la gestion d’actifs confirme qu’elle va bien. C’est le constat dressé par le Boston Consulting Group (BCG), qui a publié son rapport pour l’année 2013. « La rentabilité des capitaux propres est de 15 % contre environ 10 % pour le reste de l’industrie financière (banque de financement et d’investissement notamment) car le niveau de fonds propres réglementaires requis est faible, dans la mesure où il s’agit de gestion pour compte de tiers », rappelle Benoît Macé, directeur associé au bureau de Paris du BCG. Passage en revue des principales conclusions.
Des encours record du fait de l’appréciation des marchés
Les encours sous gestion ont grimpé de 13 % pour atteindre 68.700 milliards de dollars, l’an dernier, un record historique. Cette forte hausse tient surtout de l’appréciation des marchés. La collecte nette a été de 1,6 %, son plus haut niveau depuis la crise.
La marge opérationnelle proche de ses plus hauts grâce aux efforts sur les coûts
La marge opérationnelle s’est hissée à 39 % des revenus nets, juste en dessous du pic de 41 % en 2007. Etant donné que les revenus nets stagnent depuis plusieurs années, l’amélioration de la marge opérationnelle tient surtout aux efforts des gestionnaires d’actifs pour réduire leurs coûts. Les acteurs doivent, notamment, investir pour limiter la forte hausse des coûts liés aux fonctions de « middle » et back-office et de systèmes d’informations, qui comptent pour plus d’un quart des dépenses. Ils doivent également faire face à une pression à la baisse sur leurs tarifs, du fait des réglementations internationales qui exigent plus de transparence sur les niveaux de marge et accroissent la concurrence (avec par exemple la directive Mifid sur les marchés d’instruments financiers, mise en place par l’Union européenne en 2004).
Des produits en mutation
La part des fonds traditionnels va continuer de baisser d’environ 0,5 % par an pour atteindre 40 % en 2017 contre 45 % aujourd’hui et 56 % en 2008, d’après les estimations du BCG. Les investisseurs, dans leur quête de rendement et de diversification, leur préfèrent les produits alternatifs et surtout les fameux produits passifs, ou ETFs. Les nouveaux produits à succès de la gestion d’actifs, les voilà : ce sont les solutions d’investissement « globales », c’est-à-dire « capables de faire des choix d’allocation transverses à plusieurs géographies », explique Benoit Macé, ajoutant que les produits globaux ont les meilleures ventes en termes de collecte. « Mais pour cela les gestionnaires d’actifs ont besoin de partager les mêmes données entre différents centres de gestion. Or les acteurs historiques ont souvent une multitude de systèmes locaux qui communiquent mal entre eux, là où de nouveaux acteurs disposent de systèmes plus récents et plus agiles qui facilitent la mise en place de ces produits globaux. »
Une industrie un peu moins concentrée qu’avant
Aux Etats-Unis, les dix plus gros acteurs représentent 73 % de la collecte nette du marché, contre 94 % l’année précédente. Ce chiffre qui était de 51 % en Europe en 2012, est tombé à 42 % en 2013. En Europe, sur les dix acteurs ayant réalisé les plus grosses collectes nettes sur fonds ouverts, cinq sont américains, avec en trio de tête Black-Rock, JP Morgan et Franklin Templeton.
De fortes inégalités géographiques
Du fait de la remontée des marchés actions dans les pays développés, ces derniers comptent toujours pour 90 % des encours. L’Amérique du Nord en représente presque la moitié (34.000 milliards de dollars) et affiche une croissance de 16 %. Tous les continents ont montré une croissance à deux chiffres, sauf l’Europe, qui avec 7 % de croissance détient tout de même 19.300 milliards d’encours sous gestion, soit le deuxième foyer mondial, et l’Amérique latine, pénalisée par le poids des obligations dans ses encours. La France a montré l’une des plus faibles croissances (lire ci-dessous).