Mission accomplie. L’exploit technique est aussi la revanche d’une nation. Deux ans et demi après son humiliant naufrage sur l’île du Giglio, au large de la Toscane, l’épave flottante du « Concordia » a rejoint, hier, Gênes, son port d’origine et de démantèlement, où elle a été accueillie par Matteo Renzi, le président du Conseil italien. « Nous tournons la page sur un événement qui a provoqué la mort de 33 personnes [32 lors du naufrage et un plongeur par la suite, NDLR] », a-t-il déclaré.
C’est là que le navire de 290 mètres de long de Costa Crociere (groupe Carnival) était sorti des chantiers de Fincantieri, le 2 septembre 2005. Confiée au consortium Titan Micoperi, l’opération de renflouement, lancée en mai 2012, s’est conclue hier après-midi avec l’arrimage du bateau. Aujourd’hui estimée à 1,5 milliard d’euros, trois fois son coût de construction (450 millions d’euros), la facture prévisionnelle des opérations de renflouement et de transfert (en partie couverte par ses assureurs) en fait déjà le sinistre le plus cher de toute l’histoire maritime.
« Le renflouement de l’épave aura coûté plus de 1 milliard d’euros, mais cela n’inclut pas le coût du transport et de la démolition ; au bout du compte, ce sera plus proche de 1,5 milliard d’euros (2 milliards de dollars) », a déclaré récemment le PDG de Costa Crociere, Michael Thamm. Initialement estimée à 610 millions d’euros, la récupération de l’épave du « Concordia » aura finalement coûté plus du double.
Mais, du côté italien, on souligne aussi que le redressement du paquebot de 114.000 tonnes aura contribué, à hauteur de 1 milliard de dollars environ, au PIB italien, en mobilisant quelque 500 employés depuis le début des travaux. Y compris les emplois induits, les travaux de démolition devraient encore occuper 700 personnes et 52 entreprises et pourraient générer un volume d’affaires de 800 millions d’euros. A charge encore pour le consortium de retirer la plate-forme de béton sous-marine et les 18.000 tonnes de ciment installées sur l’île de Giglio pour permettre de redresser l’épave.
Malgré l’impact médiatique considérable du sinistre, le marché de la croisière reste porteur et le numéro un mondial du secteur Carnival Cruise, maison mère de Costa Crociere, s’apprête à lancer, en 2015, en Chine, son quatrième super-paquebot de 290 mètres de long, le « Costa Serena ». Deux ans et demi après le drame, l’essentiel de la facture du sinistre le plus cher de l’histoire maritime (1,6 milliard de dollars de réclamations selon « The Insurance Insider ») sera couvert par le pool des assureurs de Costa Crociere (Gard, RSA, Ascot, AXA…). « Compte tenu des particularités de l’accident, il n’y a pas eu d’impact significatif du sinistre sur les primes du secteur maritime », estime, toutefois, Gilbert Kervalla, représentant général d’Axa Solutions Corporate pour l’Italie.
Après avoir vainement demandé la nullité de son procès, l’ex-commandant du « Concordia », Francesco Schettino, a fêté la semaine dernière la sortie de son prochain livre autobiographique sur l’île d’Ischia.