L’assurance-vie s’est retrouvée au mois de juin dans une situation qu’elle n’avait pas encore connue en 2013. C’est le premier mois, depuis novembre dernier, où les encaissements ont été plus faibles que les prestations, d’après les statistiques publiées hier par l’Association française de l’assurance (AFA). Ce différentiel a occasionné une collecte nette négative de 300 millions d’euros.
Sur le premier semestre, le solde reste toutefois largement positif avec une collecte nette de 7,7 milliards d’euros. Mais ce montant est très loin des niveaux d’avant la crise et très inférieur aux 21,6 milliards d’euros drainés dans le même temps par le Livret A et le livret de développement durable (LDD). Le mois dernier, la Fédération française des sociétés d’assurances évoquait d’ailleurs un« signal fragile ». Les premiers signes du ralentissement étaient en effet perceptibles avec une collecte nette d’à peine 200 millions d’euros, contre 1,6 milliard en avril.
En juin, la collecte brute a été un peu meilleure qu’en mai (9,1 milliards d’euros, contre 8,9 milliards), tandis que les prestations ont progressé plus fortement (de 8,7 milliards à 9,4 milliards). « Il n’y a rien d’incohérent ni d’inquiétant dans ces chiffres », estime Jean-Luc de Boissieu, le secrétaire général du Groupement des entreprises mutuelles d’assurance.
Avant l’été, les Français ont généralement tendance à moins épargner, comme le montre la faible collecte nette du Livret A et du LDD en juin (490 millions d’euros au total). « Face aux contraintes de pouvoir d’achat et des remboursements des emprunts immobiliers, ils boudent l’épargne financière, qui ne représente que 6 % du revenu disponible brut des ménages, contre 7,3 % en 2009 », souligne pour sa part Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des épargnants.
Pour la suite, l’incertitude domine. La baisse du taux du Livret A à 1,25 % le 1er août pourrait avoir un effet positif pour l’assurance-vie. A contrario, les déclarations récentes de Christian Eckert, le rapporteur général du Budget à l’Assemblée nationale, sur la fiscalité de l’assurance-vie, pourraient générer de l’attentisme chez les épargnants, redoute-t-on dans la profession.