La Maif va là où on ne l’attendait pas. L’assureur mutualiste a annoncé jeudi le lancement d’un service d’agrégation de comptes bancaires. Il s’engouffre ainsi dans une brèche ouverte par des start-up comme Linxo ou Bankin’. Ce marché semble promis à un bel avenir avec l’entrée en vigueur de la nouvelle directive européenne sur les services de paiement (DSP2) en janvier 2018.
Baptisé « Nestor »
Avec ce service baptisé « Nestor » et conçu sous marque blanche par Linxo, la Maif est le premier assureur à lancer un agrégateur de comptes bancaires. « Le digital entraîne un abaissement généralisé des barrières à l’entrée. Partant de ce constat, nous sommes défensifs sur notre coeur de métier, mais rien ne nous interdit d’être offensifs sur des métiers qui ne sont pas les nôtres », explique Pascal Demurger, directeur général du groupe d’assurances. La Maif se dit convaincue qu’il y a de la place pour un modèle « dans lequel une marque reconnue et inspirant confiance devient l’interlocutrice privilégiée de la relation bancaire et financière sans avoir à intégrer dans son offre un compte bancaire ».
Concrètement, la solution proposée par la Maif permettra aux utilisateurs de regrouper et de visualiser l’ensemble de leur patrimoine bancaire (comptes, moyens de paiement alternatifs comme PayPal, assurance-vie, crédit, gestion patrimoniale ou épargne salariale) dans un seul et même espace via un site Internet ou une application. Elle offrira aussi des outils d’anticipation budgétaire, de gestion de découvert ou d’alerte. Au-delà, la Maif envisage d’y greffer des fonctionnalités d’aide à la préparation de projets ou de courtage de crédit. « L’idée est d’aller vers des fonctionnalités de transaction », indique également Pascal Demurger. Avec DSP2, il sera en effet possible de faire sur un agrégateur des virements d’un compte à un autre directement. Ce qui permettra donc aux acteurs positionnés sur ce créneau de s’immiscer davantage dans la relation bancaire.
Testée à partir du 20 juin
Alors qu’il se pose donc en tiers de confiance, l’assureur affirme garantir la plus parfaite étanchéité de Nestor. « Nous ne rentrerons pas dans l’espace des utilisateurs et nous n’aurons donc pas accès à leur environnement bancaire », affirme-t-il.
Cette « néobanque » va être testée à partir du 20 juin auprès des salariés et des militants de la Maif, ainsi que de 500 sociétaires, avant d’être ouvert au grand public en novembre prochain. A côté d’un socle de base gratuit, il proposera une version premium payante, facturée « en dessous de 30 euros par an, soit moins cher que les autres agrégateurs ». La Maif vise l’équilibre pour Nestor en quatre ou cinq ans avec l’objectif d’un taux de pénétration d’environ 500.000 utilisateurs.
Laurent Thévenin, Les Echos
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