La France peut-elle commencer à respirer ? Le pic des inondations semblait passé hier en Ile-de-France, dans le Centre, la Normandie et l’Est. Alors que la crue de la Seine semblait devoir se propager vers l’Eure et la Seine-Maritime, les deux départements ont été placés en vigilance rouge samedi soir, avant de revenir à l’orange dimanche. Quinze autres départements sont en vigilance orange. « Les pluies des prochains jours ne sont pas de nature à impacter significativement les propagations » des crues, a précisé le service de prévention Vigicrues. Elément rassurant : depuis son pic à 6,10 mètres dans la nuit de vendredi à samedi, la Seine a décru à 5,77 mètres dans la nuit de samedi à dimanche.

Les autorités sont mobilisées depuis une semaine par les intempéries, qui ont causé la mort de 4 personnes, fait 24 blessés et conduit à l’évacuation de 20.000 riverains. Plus de 11.000 foyers étaient toujours privés d’électricité hier. L’autoroute A 10 est coupée au nord d’Orléans et les transports franciliens demeurent perturbés. Malgré tout, le ministre des Finances, Michel Sapin, a estimé sur RTL qu’il n’y aurait pas d’impact « pour l’ensemble de l’économie française ». En revanche, la facture des inondations s’annonce particulièrement salée pour les assureurs. « Il est probable que le coût ne sera pas inférieur à celui des inondations qui avaient touché la France en octobre 2015 avec des dommages de l’ordre de 600 millions d’euros », a déclaré vendredi Bernard Spitz, le président de l’Association française de l’assurance (AFA). Les assureurs n’ont pas encore fait face au pic des déclarations de sinistre, mais les premières évaluations devraient tomber dans les prochains jours. « Le bilan sera très lourd », a d’ores et déjà prévenu Pascal Demurger, directeur général de la Maif et vice-président de l’AFA. « Nous estimons que, pour la Maif, le coût sera vraisemblablement de l’ordre de trois fois » celui des inondations qui avaient frappé les Alpes-Maritimes et le Var l’automne dernier, a-t-il indiqué vendredi à France Info.

Sur ces bases-là, l’addition pourrait donc grimper très haut. Ces inondations touchent en effet une zone beaucoup plus étendue que celles d’octobre 2015, qui étaient restées localisées à une trentaine de communes. A la différence des dernières intempéries dans le Sud-Est, il y aura aussi davantage de dégâts du côté des entreprises, a souligné Pascal Demurger. Autre facteur aggravant, la décrue sera « très lente ». Or « c’est cette stagnation des eaux qui cause les dégâts les plus importants », a-t-il précisé.

Les représentants des assureurs doivent se réunir ce lundi matin à Matignon pour coordonner les indemnisations. Vendredi, Manuel Valls avait demandé que les versements interviennent « dans les meilleurs délais » pour que les victimes retrouvent rapidement « leur vie normale ». Celles-ci ont d’ordinaire dix jours après la publication de l’arrêté de catastrophe naturelle pour déclarer leurs sinistres. Mais « c e délai sera allongé », a promis Bernard Spitz. Plusieurs assureurs l’ont déjà étendu jusqu’au 30 juin.

L’état de catastrophe naturelle doit être décrété mercredi en Conseil des ministres pour les communes les plus sinistrées. Pour la seule région Ile-de-France, l’Etat avait déjà reçu ce week-end 300 demandes de dossier et une réunion interministérielle se tiendra mardi sur le sujet. Une autre réunion interministérielle aura lieu le même jour sur les terres agricoles touchées.

Avec la multiplication des événements climatiques, les assureurs s’attendent à voir leur charge s’alourdir dans les années à venir. Selon des projections présentées en décembre par l’AFA, le coût pour le secteur des aléas naturels pourrait s’élever à 92 milliards d’euros de 2014 à 2039, soit presque le double des vingt-cinq années précédentes (48 milliards d’euros). En 2015, il avait été de 1,5 milliard d’euros, dans la moyenne haute des dernières années.

Laurent Thévenin, Les Echos

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