L’horizon est certes lointain, mais le chiffre frappe les esprits. En 2030, AXA espère atteindre la barre des 100 millions de clients en Asie, soit autant qu’il en compte actuellement partout dans le monde. Le deuxième assureur européen, qui a fait cette annonce la semaine dernière à Shanghai lors d’un séminaire pour la presse internationale, est encore loin du compte puisqu’il a aujourd’hui 14 millions de clients dans la région (en dehors du Japon).
Le groupe français ne détaille pas ses objectifs pays par pays. Mais, comme l’indique Henri de Castries, son PDG, « le gros de [ses] efforts va porter sur la Chine. C’est un marché absolument incontournable ». Et qui fait tourner la tête de tous les grands assureurs internationaux. Entre 2014 et 2020, l’assurance-vie devrait en effet y connaître une croissance annuelle moyenne de 16,5 %, selon des prévisions fournies par ICBC-AXA Life. Quant au marché automobile, il est le premier au monde, avec plus de 20 millions de véhicules vendus chaque année.
Depuis 2012, AXA s’est mis en situation de changer de braquet sur un marché trusté par les grands groupes chinois (Ping An, PICC, China Pacific Insurance, China Life en tête) et où les acteurs étrangers se partagent les miettes. D’abord avec l’arrivée comme actionnaire principal d’ICBC, le géant bancaire chinois aux 465 millions de clients particuliers, dans sa coentreprise avec le groupe minier China Minmetals Corporation. Opérationnelle depuis juillet 2012, cette coentreprise ICBC-AXA Life s’est imposée comme la première compagnie d’assurance-vie à capitaux étrangers, alors que l’attelage AXA-Minmetals pointait au neuvième rang en 2011.
L’objectif affiché par ICBC-AXA Life – qui ne reste au global que le douzième assureur-vie chinois – est de devenir « à court terme » l’un des leaders du marché. Cette année, cette entité, qui compte 500.000 clients, vise un chiffre d’affaires de 24,4 milliards de yuans (3,54 milliards d’euros), contre 15,4 milliards de yuans en 2014. Son résultat net est attendu à 200 millions de yuans, contre 71 millions l’an passé.
ICBC-AXA Life bénéficie de la puissance de feu d’ICBC, qui distribue ses produits dans plus de 8.000 guichets. Surtout, plus de la moitié des affaires nouvelles se font via les canaux digitaux (à travers le site de banque en ligne d’ICBC ou des bornes en libre-service dans ses succursales). « Ce n’est que le début, et cela peut être un vrai facteur de différenciation par rapport aux grands assureurs », veut croire Sun Chiping, le président d’ICBC-AXA Life.
En dommages, AXA a, aussi, passé un cap avec le rachat en 2013 de 50 % de l’assureur chinois Tian Ping. Cette acquisition a fait de lui le premier assureur-dommages étranger du pays. Avec 3 millions de clients, AXA Tian Ping a encaissé pour 6,13 milliards de yuans de primes l’an dernier (en hausse de 19 % par rapport à 2013). D’ici à 2020, il veut réaliser 80 % de ses ventes via les canaux directs (Internet, téléphone), contre 36,5 % en 2014. La coentreprise compte faire la différence via la « sophistication tarifaire » apportée par AXA. A cet égard, la récente libéralisation des prix sur le marché de l’assurance auto « est une bonne nouvelle puisqu’elle va nécessiter une tarification plus précise », estime Wu Hu, président d’AXA Tian Ping. La compagnie affirme être rentable, avec un ratio combiné (sinistres et frais rapportés aux primes) « meilleur que celui du marché » et « un résultat net plus élevé que celui prévu dans le “business plan” ».