Le succès croissant d’AXA Private Equity n’a pas de quoi laisser indifférent, surtout dans un contexte de vente. La société d’investissement a annoncé hier une levée de fonds record de 8 milliards de dollars pour investir en fonds de fonds, le marché de « seconde main » du capital-investissement. Elle se place ainsi en tête de ce secteur avec Lexington Partners. Plus qu’un investisseur de capital-investissement, le fonds sponsorisé par AXA et dirigé par Dominique Sénéquier s’est façonné ces derniers mois comme un acteur majeur du marché secondaire.
En moins de deux ans, il a bouclé coup sur coup la reprise d’un portefeuille de 1,7 milliard de dollars à Citigroup, de 740 millions à Barclays, de 620 millions d’euros à HSH Nordbank et de 1,9 milliard de dollars à Bank of America. Au total, AXA Private Equity gère aujourd’hui 19 milliards de dollars d’actifs repris sur le marché secondaire, contre 6 milliards en LBO, 3 milliards en infrastructures et 3 milliards en fonds de dette, dont une nouvelle génération vient aussi d’être bouclée.
Cette dernière levée de fonds a renforcé la part des investisseurs américains et asiatiques dans ses véhicules. « La part des Européens a baissé de 20 %, en raison du retrait des banques et de l’absence de relais sur le continent de fonds de pension, à la différence des Etats-Unis », explique Vincent Gombault, qui dirige l’activité fonds de fonds.
De fait, à tous les étages, les investisseurs étrangers manifestent leur intérêt pour la société d’investissement d’AXA. Pour autant l’assureur, qui anticipait de boucler l’ouverture du capital de son spécialiste du non-coté à la fin 2011, a dû amender ses plans. Six mois plus tard, des proches du groupe indiquent que le processus de vente « avance bien », une première signature devant avoir lieu d’ici à septembre pour une clôture de l’opération d’ici à la fin de l’année.
AXA et l’équipe de gestion n’ont aucune divergence de point de vue, tant sur le mode opératoire, mené par Credit Suisse, que sur la future clef de répartition du capital, affirme-t-on encore. En septembre, certaines sources indiquaient que le management soutenait une valorisation proche des 400 millions quand AXA en aurait voulu autour de 700 millions. Les valorisations évoquées ces jours-ci avoisinent les 500 millions, selon certaines sources.
AXA gardera en tout cas une part minoritaire, inférieure à 30 % de la société de gestion, aux côtés de plusieurs autres actionnaires. Le tour de table futur a fortement évolué. La Caisse de dépôt et placement du Québec, ainsi que le fonds souverain de Singapour, GIC, donnés partants ces derniers jours selon certains, seraient toujours candidats. En revanche, les investisseurs privés, du type KKR ou le gestionnaire canadien Onex évoqués au lancement du processus de vente, ne seraient plus en course. D’autres fonds type caisses de retraite et fonds souverains du Moyen-Orient et d’Asie auraient en revanche marqué leur intérêt depuis.