C’est un exercice un peu osé à mi-année, d’autant que les assureurs ne communiqueront que très tardivement sur le sujet. Mais, d’après Cyrille Chartier-Kastler, le président du cabinet Facts & Figures (F&F), on se dirige,« sous réserve des événements susceptibles de se produire d’ici à fin 2012 », vers des hausses de tarifs moyennes de 2 à 3 % en assurance-automobile pour 2013. Soit des augmentations proches de celles passées pour 2012. Ces nouvelles majorations se justifieraient, explique le consultant, par l’inflation continue du coût des corporels graves et par la hausse du prix des pièces détachées.
Elles restent malgré tout relativement contenues, les assureurs auto ne pouvant pas se permettre de trop augmenter les prix, compte tenu de la concurrence acharnée qui règne sur le marché. Alors que la rentabilité technique laisse à désirer, la solution passe donc, selon Facts & Figures, par le partage de réseaux de réparateurs agréés, l’optimisation des techniques d’expertise automobile – comme l’ont déjà fait certains opérateurs -ou la réduction des coûts de distribution.
Mise en garde
« Sans ajustement rapide de leur offre, de leur segmentation, de leur tarification et de leur surveillance », les réseaux traditionnels (à agents généraux) doivent s’attendre à voir fondre leur portefeuille d’assurés automobile, prévient par ailleurs le consultant. Ce sont Covéa (la MAAF, surtout, et GMF), Groupama et Pacifica (Crédit Agricole Assurances) qui ont capté la plus grosse part des affaires nouvelles en assurance-automobile en 2010, comme le montre F&F. Un seul assureur « traditionnel », Aviva, a réussi à tirer son épingle du jeu.
Pour la multirisque habitation, la poussée tarifaire pourrait être moins forte qu’en 2012, de l’ordre de + 3 à + 4 % en moyenne, pronostique Cyrille Chartier-Kastler, alors qu’aucun grand événement climatique n’est à déplorer depuis le début de l’année. « Les fortes hausses déjà pratiquées par le marché ces dernières années permettent a priori d’absorber une charge annuelle d’événements climatiques de l’ordre de 800 millions à 1,2 milliard d’euros », explique-t-il.
L’autre élément modérateur est « la nécessité pour les réseaux traditionnels de revenir en dynamique de conquête et donc d’améliorer leur compétitivité tarifaire », ajoute-t-il. La part de marché des courtiers et des agents généraux s’est ainsi légèrement érodée l’an dernier, au profit des mutuelles sans intermédiaires et des bancassureurs. Mais, surtout, les Pacifica, Sogessur (Société Générale), Assurances du Crédit Mutuel et autres ont fait une véritable razzia en captant 50 % de la croissance nette du marché, tandis que les réseaux traditionnels n’ont pu en prendre que 9 %.
Au-delà, les assureurs-habitation sont invités à « segmenter de plus en plus leur portefeuille afin d’adapter leurs tarifs aux réalités locales des risques ». L’avertissement vaut en particulier pour les mutuelles sans intermédiaires (Macif, Matmut, etc.). « A trop vouloir mutualiser, certaines d’entre elles en sont aujourd’hui à perdre leurs bons risques, qui sont un peu surtarifés, mais pas leurs mauvais risques, qui sont sous-tarifés », constate Cyrille Chartier-Kastler.