Journées tendues à Sienne, où le groupe Monte dei Paschi di Siena (MPS) a lancé la semaine dernière son augmentation de capital de 2 milliards d’euros, en vue de rembourser à l’Etat italien les bons du Trésor reçus pendant la crise. Fondée en 1472, la plus vieille banque du monde, numéro trois en Italie, a dévissé de près de 25 % en Bourse en un mois. Après avoir perdu plus de 3 % en séance, vendredi, elle a terminé la semaine en perte de 10 %. Tout le secteur financier italien a été touché, en raison de la mise sous surveillance par Moody’s, jeudi soir, de la quasi-totalité des établissements transalpins, conséquence de la menace d’abaissement de la note souveraine de l’Italie. S’agissant de MPS, un autre élément s’ajoute à ce contexte agité. A l’occasion de sa recapitalisation, le groupe a révélé être en contentieux avec le fisc, qui lui réclame plus de 1 milliard d’euros d’impôts et de pénalités pour des optimisations fiscales réalisées entre 2002 et 2007.
Cure d’austérité
Une chose est sûre, l’augmentation de capital va imposer une cure d’austérité à l’actionnaire numéro un, la Fondation MPS. Celle-ci détient 42,3 % du capital. « Nous sommes prêts à de grands sacrifices pour garantir l’indépendance stratégique de MPS et la protéger de toute offensive extérieure », explique son président, Gabriello Mancini. Installée sur la célèbre piazza del Campo, la fondation avait commencé à se serrer la ceinture dès l’an dernier : en l’absence de dividendes en provenance de la banque, son exercice a fini dans le rouge pour la première fois de son histoire, avec une perte nette de 128 millions d’euros. Pour financer sa souscription à la recapitalisation, elle vient de vendre ses titres Intesa Sanpaolo et s’interroge sur ses actions Mediobanca.
Les trois autres actionnaires significatifs de MPS ont décidé, eux aussi, de souscrire : JP Morgan (5,6 % du capital), l’ingénieur Francesco Gaetano Caltagirone (4,7 %), qui est passé devant le français AXA (2,5 %), auquel il souhaitait faire contrepoids. Caltagirone est connu en Italie pour son esprit patriotique. C’est lui qui a été l’instigateur, cet hiver, du divorce entre la société des eaux de Rome Acea et GDF Suez. Il se retrouve plus que jamais en conflit d’intérêts, étant vice-président de MPS et de Generali, au moment où le groupe siennois affiche de très fortes ambitions dans la bancassurance.
Dans le cadre de son plan industriel 2015 adopté en avril, MPS prévoit de tripler de taille dans l’assurance-dommages et la prévoyance, et d’augmenter de 140 % la contribution à son chiffre d’affaires global de la coentreprise constituée en 2007 avec AXA.