L’inéluctable croissance des bancassureurs en assurance non-vie de particuliers au détriment des compagnies d’assurances et des mutuelles s’accélère. Entre 2004 et 2009, les bancassureurs ont gagné en assurance non-vie de particulier plus de 3 % de part de marché pour arriver à 12,5 %, alors que les mutuelles, très implantées sur ce segment, ont perdu 2 % à 38 %. L’assurance multirisque habitation (MRH) est le segment de l’assurance non-vie de particuliers le plus favorable aux bancassureurs. Ils peuvent en effet tirer profit de leur position de financeurs de bon nombre d’acquisitions immobilières pour proposer à leur client de souscrire également une assurance MRH. « La MRH pèse globalement 33 % de l’activité des bancassureurs en assurance non-vie de particuliers, soit 5 points de plus que la moyenne du marché et 7 points de plus que les mutuelles sans intermédiaire », estime le cabinet d’analyse Fact and figures dans son baromètre 2011 de l’assurance dommages. La croissance des bancassureurs est en revanche plus lente en ce qui concerne l’assurance automobile. « La vente d’un contrat automobile requiert une appréciation technique du risque par le vendeur d’assurance. C’est une vente technique qui se réalise dans la quasi-totalité des cas en face à face avec le prospect, il est donc logique que les bancassureurs s’y développent moins vite qu’en MRH », indique Cyrille Chartier-Kastler, le président de Facts & Figures.
« Chercher les marges »
L’automobile et la MRH restent malgré tout des segments peu rentables avec des ratios combinés – rapport de la somme des frais de gestion et du coût des sinistres sur le total des primes encaissées – respectifs de 109 % et 108 % à la fin 2009. Seule la composante risques divers de l’assurance non-vie (protection juridique, assistance, assurance des moyens de paiement, extensions de garanties…) est rentable avec un ratio combiné net de 96 % en 2009. Ces derniers sont considérés comme « la vache à lait » en non-vie de particuliers. Ils représentent 25 % de l’activité des bancassureurs contre seulement 8 % des mutuelles sans intermédiaires et seulement 13 % du marché. « Les assurés oublient trop souvent qu’ils ont ce type d’assurance, du coup la consommation de ces garanties est assez faible », explique Cyrille Chartier-Kastler. Et les marges réalisées y sont donc importantes : l’assurance moyen de paiement par exemple est souvent dénoncée par l’association de consommateurs UFC-Que Choisir, qui estime que les banques en France y margent de 90 %, soit 300 millions d’euros de primes payées par an par les clients pour seulement 30 millions d’euros d’indemnisation.
Les compagnies d’assurances et les mutuelles devront donc se développer sur le risque divers, « il y a un moment où il faut aller chercher les marges où il y en a », estime Cyrille Chartier-Kastler. Ce dernier conseille également fortement aux compagnies et aux mutuelles de changer leur mode de rémunération : « Un agent général est commissionné entre 14 % et 20 % du montant de la prime selon l’activité, il a donc intérêt à prendre les pires risques car ils rapportent les primes les plus importantes. Du côté de la bancassurance, les commerciaux touchent seulement 8 % au Crédit Mutuel, et au Crédit Agricolegricole, l’intégralité de la rémunération variable dépend du résultat technique ».