La pluie tombe de nouveau, mais les dégâts causés par la sécheresse sont déjà irréversibles. Alors que s’ouvre demain le G20 agricole, les débats sur l’indemnisation des agriculteurs après la vague de sécheresse se poursuivent. Le 15 juin, Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture, a réuni le Comité national de l’assurance en agriculture, pour évaluer la teneur de la mobilisation du Fonds national de gestion des risques en agriculture (FNGRA). Celui-ci, doté de 200 millions d’euros, permettra le versement d’une avance aux agriculteurs sur l’indemnisation des pertes. L’instruction des premiers dossiers aura lieu les 12 et 28 juillet.
Problème : les agriculteurs ne sont pas encore capables de rassembler toutes les données nécessaires à leur élaboration. Ils doivent notamment faire état de pertes affectant au minimum 13 % de leur compte d’exploitation global, ce qui est difficile à démontrer à mi-année. A ce jour, l’estimation des pertes reste encore imprécise. « Les pertes de rendement peuvent aujourd’hui être estimées en moyenne entre 20 et 25 %, mais dans certaines situations, on les évalue à 65 % », affirme Stéphane Gin, directeur des assurances agricoles et professionnelles chez Groupama. L’assureur précise néanmoins que, sur ses 61 000 contrats « Climats », il anticipe entre 25 000 et 30 000 déclarations de sinistres pour les récoltes en cours.
De plus, le FNGRA n’arrosera pas tout le monde. « Aujourd’hui, il ne prend pas en charge les pertes de rendement dues aux événements climatiques pour les grandes cultures et la viticulture. Seuls les agriculteurs assurés seront indemnisés pour cela », explique Stéphane Gin. En effet, les « grandes cultures » ont été exclues de ce fonds en 2009, mais seules 30 % d’entre elles sont assurées. Les pertes pourraient bien ne pas s’arrêter là. « Le stockage de paille augmente le risque d’incendie. Les manipulations de paille dans des conditions difficiles comme aujourd’hui génèrent aussi davantage de risque d’accidents », ajoute Stéphane Gin.
Récoltes prévendues
L’assureur vert compte ainsi parmi ses sinistrés des agriculteurs du Tarn, qui ont vu partir 2.000 tonnes de fourrage en fumée le 12 juin, représentant plusieurs centaines de milliers d’euros de pertes. Par ailleurs, certains agriculteurs ont aussi prévendu leurs récoltes 2011, voire 2012, sur les marchés à terme. « Le bilan économique devra être fait en fin d’année sur le rapport entre les pertes de rendement et les cours des céréales. Par exemple, une perte de rendement de 30 % est à relativiser si le prix du blé se maintient à 240 ?/t, alors qu’il était payé au mieux 150?/t il y à peine deux ans», constate Stéphane Gin. Et l’assurance perte de revenus n’existe pas encore…