Quel premier bilan tirez-vous de l’association nouée en 2007 entre MPS et AXA ?
Antonio Vigni. Les chiffres sont là pour le prouver, le bilan est très positif, en dépit de la période difficile que nos professions viennent de traverser. Notre joint-venture est en train de monter en régime, avec une collecte brute de 5 milliards d’euros dans l’assurance-vie en 2010, soit une progression de 9 % par rapport à l’année précédente, et de 137 millions d’euros dans l’assurance-dommages, soit une hausse de 18 %. Au-delà de ces performances, nous sommes très satisfaits des rapports étroits qu’ont réussi à nouer MPS et AXA. Notre groupe bancaire se définit désormais comme un lieu de protection : protection de l’épargne des Italiens et protection des personnes et des biens. Frédéric de Courtois. Le fait de partager le joint-venture à 50-50 garantit la convergence de nos intérêts. C’est une originalité quand on sait qu’en France la bancassurance est contrôlée à 100 % par les banquiers, dans la quasi-totalité des cas. En outre, AXA possède près de 4 % de MPS, ce qui renforce notre collaboration.
En Italie, AXA opère au travers de ce joint-venture mais également sous d’autres enseignes. Cela ne crée-t-il pas de confusion ?
F. de C. Dès l’origine, AXA MPS a décidé de ne pas être une simple fabrique de produits d’assurance mais une société de services à 360 degrés. Nous travaillons de manière complètement intégrée avec MPS, en partageant nos expériences respectives sur les produits, la politique commerciale ou le marketing. Toutefois, le client peut choisir le canal qu’il préfère et, le cas échéant, traiter avec les agents de l’enseigne AXA Assicurazioni ou via Quixa, par téléphone ou Internet. A. V. Auparavant, la banque MPS reposait sur trois piliers, comme tous ses concurrents : l’épargne, les moyens de paiement et le financement. AXA nous a permis d’en ajouter un quatrième, la protection des personnes et des biens, sans que cela soit exclusif pour lui et sans que cela cantonne MPS au rôle de simple distributeur.
Comment l’Italie s’intègre-t-elle dans le nouveau plan industriel d’AXA, arrêté en avril ?
F. de C. AXA et MPS ont adopté leurs plans respectifs au même moment et nos stratégies coïncident. Ce marché étant mature, nous avons l’un et l’autre des objectifs prioritaires de rentabilité. Cela étant, il existe en Italie des opportunités de croissance très importantes et vouloir gagner de l’argent n’est pas incompatible avec l’idée de grandir, dans un pays où tous les besoins d’assurance ne sont pas satisfaits. Il n’est pas dans notre logique de viser tel ou tel rang. Nous préférons innover, comme nous venons de le faire en lançant un débat sur la dépendance et en créant avant les autres un nouveau marché, sur lequel nous sommes déjà leader.
Vous êtes-vous fixé un objectif de taille critique ?
A. V. MPS est présent partout dans la péninsule et grâce à l’acquisition d’Antonveneta, nous nous sommes renforcés dans les riches régions du Nord. Nous procéderons régulièrement à quelques ajustements, mais nous n’avons pas prévu d’élargir le réseau. Avant tout, nous souhaitons améliorer notre productivité et nous concentrer sur un développement plus qualitatif que quantitatif. F. de C. AXA MPS entend croître de 300 % d’ici à cinq ans dans les dommages et la prévoyance. Cela semble un pari fou mais c’est une ambition tout à fait accessible. En épargne, l’objectif de croissance est de 40 %. MPS est une marque forte et entretient des rapports de proximité exceptionnels avec 6 millions de clients. Lorsque la banque les appelle pour leur proposer de nouveaux produits, le taux de retour est beaucoup plus élevé que dans les pays voisins, en raison de la force de la marque. Voilà où se trouve notre potentiel.
Au fond, quel est l’intérêt d’AXA à être en Italie ?
F. de C. Nous avons autour de 3 % de part de marché, après de longues années de présence. La logique du joint-venture est non seulement de grossir sur un territoire important mais aussi de devenir un acteur reconnu de la bancassurance. Le mariage n’était pas évident entre ces deux animaux si différents que sont AXA, créé il y a trente ans et présent dans une soixantaine de pays, et MPS, fondé au XV e siècle et actif essentiellement en Italie. Cela fonctionne parce qu’il existe d’excellents rapports personnels entre les deux directions.
Que pensez-vous de la fièvre patriotique qui s’est emparée du gouvernement Berlusconi cet hiver, à cause du rachat de plusieurs groupes italiens par des concurrents français ?
A. V. Cela n’a rien changé pour nous, car nous croyons que la coopération apporte toujours des résultats positifs. Dans leur méthode de conduite d’entreprise, les Français sont très organisés. Ils nous enseignent le sens de la discipline : comment être ponctuel, comment être attentif aux résultats, quotidiennement. A l’inverse, nous, les Italiens, nous leur apprenons à être plus flexibles.