STÉPHANE FRACHETCORRESPONDANT À TOURS

IL Y A UN AN, L’ILE-DE-FRANCE ET LES BORDS DE LOIRE AVAIENT LES PIEDS DANS L’EAU, CE QUI A CAUSÉ 1,4 MILLIARD D’EUROS DE DÉGÂTS. L’INDEMNISATION DES AGRICULTEURS RESTE UN POINT NOIR, LA RÉFORME RÉCLAMÉE PAR LES PROFESSIONNELS BUTE SUR LE FINANCEMENT.
La météo n’a aucun égard pour les anniversaires. Une vague de chaleur touche la France depuis une semaine et ferait presque oublier qu’il y a un an, plusieurs milliers de Français avaient les pieds dans l’eau. La Fédération française de l’assurance (FFA) publie un bilan revu à la hausse des treize jours d’inondations de mai-juin 2016 : plus de 1,4 milliard d’euros ont été versés pour 182.000 sinistres, soit 10.000 de plus qu’en mars dernier ; 96 % des cas déclarés ont été indemnisés. Les 4 % restants sont des dossiers complexes, nécessitant des contre-expertises, ou bien des travaux de rénovation sont toujours en cours.

Dans une carte de France qui restera inchangée, la Seine-et-Marne, puis le Loiret et l’Essonne forment le trio de tête des départements les plus impactés. En 2015, la FFA avait mené une

étude
anticipant l’aggravation des aléas climatiques. Grêle, gel, sécheresse et crues ont coûté 48 milliards d’euros sur les vingt-cinq dernières années. Un quasi-doublement sur les vingt-cinq prochaines années. Un tiers de ce surcoût revient au dérèglement climatique, plus de 40 % sont dus au renchérissement des dégâts à indemniser et le reliquat est imputable à l’aménagement, notamment à l’artificialisation des sols. Ce qui a joué comme facteur aggravant dans les inondations de l’an passé, qui ont frappé les départements des franges de l’Ile-de-France, à l’urbanisation récente et galopante.
Si les industriels, les commerçants, les particuliers sont peu ou prou indemnisés, il n’en va pas de même pour les agriculteurs. « De 25 à 30 % des exploitants ne sont pas couverts », rappelait Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, lors d’une visite sur une exploitation en Loir-et-Cher, la semaine dernière. Les maraîchers ou les horticulteurs doivent s’en remettre à un fonds de calamités agricoles, cogéré par la profession et l’Etat et financé par des cotisations.

Une couverture à revoir
Pour la « ferme France », l’an passé, les inondations ont été suivies par trente jours d’affilée sans soleil. « Ensuite, il a fallu arroser en juillet », se souvient Florent Leprêtre, président de la FDSEA du Loir-et-Cher, qui refuse de se réjouir alors que ses champs sont d’un vert éclatant ces jours-ci. Les agriculteurs demandent des prix moins prohibitifs et un toilettage du système assurantiel. « On n’imagine pas des automobilistes sans assurance », insiste Florent Leprêtre. « L’assiette n’est pas suffisamment large », admet Eric Levens, directeur général de Groupama en Indre-et-Loire, qui souligne que le taux de couverture était de 500 % sur cet événement. Autrement dit, le principal assureur du risque agricole a versé 5 fois plus d’indemnisations qu’il n’avait reçu de cotisations. Assureurs et agriculteurs se rejoignent sur un point : le risque aléas climatiques est à revoir. Parmi les solutions avancées, la FFA propose de flécher des fonds européens.
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