JULIEN DUPONT-CALBO

D’ICI À QUELQUES ANNÉES, LA PLUPART DES VOITURES SERONT DOTÉES DE CES OUTILS. LES PASSAGERS POURRONT NAVIGUER AVEC LA VOIX DANS LES MENUS DU VÉHICULE.
Ils ne s’appellent pas Kit comme dans la série K2000 – mais Siri, Watson, Cortana, Viv, Petit poisson ou Alexa. Autant de petits noms qui pourraient bientôt devenir les compagnons de route des automobilistes. Car dialoguer avec une intelligence artificielle logée dans un véhicule, c’est sans doute pour bientôt. Il y a quelques jours, Google a présenté aux développeurs la nouvelle mouture d’Android Auto, son système d’exploitation automobile. Celui-ci sera doté d’un assistant vocal permettant de régler la climatisation ou de faire coulisser le toit ouvrant. Premiers clients de cette version, Audi et Volvo, qui ont prévu d’installer le logiciel sur leurs prochains modèles.

Google, Apple, Microsoft, Amazon, Baidu, Alibaba… Tous les grands noms de la high-tech planchent sur les assistants vocaux, investissant des sommes colossales dans la recherche sémantique et l’intelligence artificielle appliquée au dialogue. Et l’automobile constitue pour eux un terrain de jeu évident. « Les gens ont été déçus par le passé par des dialogues lents et fastidieux. Mais les nouveaux systèmes qui arrivent dans les voitures proposent des conversations naturelles, sans “menu” », affirme Arndt Weil, le patron Automobile de Nuance, un expert du sujet.

Aujourd’hui, on trouve les prémices de la seconde génération d’assistants vocaux entre autres chez Mercedes, BMW ou General Motors (Nissan ou Hyundai ont également des projets en la matière. Sous le capot de la Peugeot 3008 ou du futur DS7 Crossback, on recense des « agents conversationnels » capables de monter le chauffage si on leur dit « j’ai froid ». « Il faut appuyer sur un bouton, et ensuite parler normalement. La voix dit qu’elle vous écoute, ensuite qu’elle vous comprend », explique Saran Diakité Kaba, la responsable de l’expérience utilisateur et de l’interface homme machine chez PSA. « Il y a encore beaucoup de travail pour donner au conducteur une continuité d’expérience, et surtout proposer quelque chose qui ait de la valeur », poursuit-elle.

« Parfois, un bouton reste plus efficace »
En clair, les aléas de la connexion Internet ou les problèmes d’accent ou la multiplicité des langues peuvent encore limiter la technologie. Mais à entendre Saran Diakité Kaba, on peut d’ores et déjà tracer trois grands cercles d’usages potentiels pour les assistants vocaux. Le premier, c’est la voix pour naviguer plus facilement dans les « menus » de la voiture, souvent fastidieux. « Cela ne remplacera pas forcément le reste. Parfois, un bouton reste plus efficace », note-t-elle. Le deuxième cercle, c’est la voix pour connecter la voiture à un écosystème d’objets connectés, du frigo à l’alarme en passant par la machine à laver. Le troisième, enfin, c’est la fusion avec les agendas personnels, pour relier le véhicule avec les rendez-vous, les contacts, les billets de train du conducteur et/ou de ses passagers. « Plus les systèmes vocaux seront perfectionnés, plus ils devront être développés en lien avec les constructeurs. Eux seuls savent à quoi ressemblera une voiture dans dix ou quinze ans », relève Arndt Weil. En extrapolant, on peut imaginer des manuels d’assistance vocaux, voire, un jour, une voiture qui parle pour vous maintenir attentif, qui propose une musique douce pour vous détendre ou qui dit « on fait comme d’habitude ? » au conducteur quand celui-ci boucle sa ceinture. « L’intelligence artificielle pourrait changer les fonctions d’une voiture. Plus celle-ci sera autonome, plus elle pourra proposer des choses grâce à l’apprentissage et aux bases de données », résume Saran Diakité Kaba.
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