SOPHIE ROLLAND
POUR REMPLACER PETER KRAUS, L’ASSUREUR A CHOISI UN BINÔME CONSTITUÉ DE ROBERT ZOELLICK ET SETH BERNSTEIN. SPÉCIALISTE DE LA GESTION ACTIVE, AB SOUFFRE DE LA PRESSION SUR LES FRAIS DE GESTION.
AXA vient de renouveler entièrement l’équipe dirigeante de sa filiale de gestion américaine cotée AllianceBernstein (AB). Le directeur général Peter Kraus – un ancien de Goldman Sachs recruté en 2008 – ainsi que huit autres administrateurs ont été démis de leurs fonctions vendredi. Un coup de balai qui a surpris les professionnels et laissé les analystes perplexes. Après les mauvaises performances de ces dernières années, ils estimaient en effet que les efforts de Peter Kraus commençaient à porter leurs fruits. A Wall Street, AB a perdu 3,3 % lundi.
Deux personnalités de renom succéderont à Peter Kraus. Robert B. Zoellick, ancien président de la Banque mondiale, a été nommé président du conseil d’administration. Et Seth Bernstein, un vétéran de JP Morgan – trente-deux ans dans la banque où il était dernièrement responsable de la stratégie du pôle gestion d’actifs -, devient directeur général d’AB. Quatre autres nouveaux administrateurs ont été nommés, selon un document de la Securities and Exchange Commission (SEC).
Nouveau souffle
La conférence téléphonique entre Denis Duverne, le président du conseil d’administration d’AXA, et les analystes financiers ce lundi n’a pas donné beaucoup d’indications sur les raisons de ce remaniement. Mais l’assureur français cherche de toute évidence à donner un nouveau souffle et à renforcer son contrôle sur sa filiale américaine. En mai dernier, déjà, Peter Kraus – nommé par Henri de Castries – n’avait pas été retenu pour faire partie du nouveau comité de direction autour de Thomas Buberl.
La stratégie de la société de gestion ne serait pas en cause. Au 31 décembre, AB, filiale à 63,7 % d’Axa, gérait 486 milliards d’euros d’actifs dont 337 milliards pour compte de tiers. L’assureur avait indiqué au moment de ses résultats annuels que le chiffre d’affaires de son activité « gestion d’actifs » (regroupant les deux filiales AB et AXA IM) était en baisse de 3 %. AB a souffert d’une décollecte nette de 12 milliards d’euros (due essentiellement à la perte de deux gros mandats institutionnels) en 2016, de la baisse des frais de gestion et, sur la clientèle des particuliers, du tassement des commissions de distribution. A cette occasion, Thomas Buberl avait évoqué la « transformation » en cours des deux filiales de gestion d’actifs, « exposées à certains métiers comme la gestion active en actions ou le “fixed income” [obligataire, NDLR] », mais se positionnant désormais sur « de nouvelles stratégies pour compenser la réduction des frais ».