SELON LES ASSUREURS ET LES COURTIERS, LE MARCHÉ DEVRAIT POUVOIR ABSORBER L’ÉVÉNEMENT.
C’est le scénario que redoutaient les spécialistes de la cyberassurance : une attaque informatique massive à l’échelle de la planète. Pour l’heure, ils n’en sont pas encore à chiffrer le montant des dégâts de la cyberattaque mondiale qui a débuté vendredi. «Il est trop tôt pour avoir une première estimation des pertes, certaines entreprises n’étaient peut-être pas encore touchées ce week-end et beaucoup d’entreprises ne sont pas assurées contre ce risque. Mais, au regard des informations dont nous disposons à cette heure, les conséquences financières semblent limitées», estime Christophe Zaniewski, directeur général d’AIG France. « Le marché de l’assurance dispose de capitaux tels qu’il devrait pouvoir gérer ce type d’attaque », confirme Fabrice Domange, président du directoire de Marsh France. Il n’en reste pas moins que cet événement met en évidence « le caractère systémique du cyber-risque », souligne-t-on chez AIG.
Sur le pont depuis ce week-end, courtiers et assureurs sont encore à gérer les urgences. Ils dépêchent des experts informatiques ou des spécialistes de la gestion de crise dans les entreprises touchées, une prestation souvent prévue dans les contrats cyber. « Il s’agit de rétablir au plus vite la situation chez nos clients afin de limiter leurs pertes de chiffre d’affaires futures », précise Sophie Parisot, responsable produit cyber chez AIG France.
Le secteur s’attend en tout cas à ce que cette cyberattaque d’une ampleur inédite provoque un électrochoc chez les entreprises et une recrudescence de la demande. « Trop d’entreprises ne se rendent pas encore compte que c’est un vrai risque, même s’il n’est pas forcément d’une grande fréquence. Ce sinistre montre que personne n’est à l’abri », souligne Fabrice Domange.
Un marché prometteur
D’après Marsh France, entre 60 et 70 % des groupes du CAC 40, 40 % des entreprises du SBF 120 et de 2 à 3 % des PME françaises seulement seraient assurés, pour un volume de primes total d’environ 30 millions d’euros en 2016. Au niveau mondial, le marché de la cyberassurance représenterait environ 3,5 milliards de dollars, dont plus de 80 % aux Etats-Unis. Selon des projections avancées l’année dernière par MunichRé, il pourrait atteindre de 8,5 à 10 milliards de dollars d’ici à 2020.
En France, les conditions tarifaires seraient globalement favorables aux entreprises, alors que de nombreux assureurs se disputent ce jeune et prometteur marché. « Les primes d’assurance sont stables en Europe depuis plusieurs années, alors qu’elles ont beaucoup augmenté aux Etats-Unis du fait de nombreux sinistres indemnisés », souligne Jean Bayon de la Tour, cyber leader de Marsh Europe Continentale. Pour s’assurer, il en coûterait entre 0,5 % 1 % de la capacité achetée, selon le courtier. Autrement dit, la prime d’assurance pour une garantie de 25 millions d’euros s’élèverait à 250.000 euros maximum.
Mais cette situation pourrait ne pas durer. « Les prix risquent d’augmenter fortement à partir de 2018. D’abord, il y a de plus en plus de cyberattaques. Ensuite, Bruxelles va obliger à partir de l’année prochaine toutes les entreprises à communiquer aux victimes toute atteinte à leurs données personnelles, ce qui va augmenter le nombre de sinistres indemnisés », souligne Fabrice Domange.
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