Début d’année sans anicroche pour les grands assureurs européens. Les indicateurs trimestriels qu’ils ont présentés ces derniers jours renvoient une image de solidité d’ensemble. Dernier à publier, l’italien Generali, numéro trois du secteur en Europe derrière Allianz et AXA, a ainsi fait état jeudi d’un résultat opérationnel en hausse de 6 %, à 1,3 milliard d’euros, sa meilleure performance trimestrielle en sept ans.
Avec l’appréciation des principales devises face à l’euro, les groupes très diversifiés à l’international ont pu afficher des chiffres d’affaires en forte hausse (+ 10 % pour AXA, + 11,2 % pour Allianz). Mais, au-delà de ces effets de change, « le premier trimestre s’est plutôt bien passé sur le plan commercial », relève Thomas Fossard, analyste chez HSBC. AXA est ainsi en croissance sur toutes ses lignes d’activité (+ 2 % à taux de change constant en vie, épargne, retraite comme en assurance-dommages). « Malgré notre repositionnement en Russie et aux Etats-Unis, notre croissance organique est restée forte », a souligné pour sa part Allianz. L’importance grandissante des pays émergents pour les assureurs occidentaux (lire ci-dessous) s’est une nouvelle fois confirmée, avec par exemple un volume d’affaires nouvelles en vie, épargne, retraite en hausse de 33 % pour AXA dans ces marchés-là, ou la croissance de 29 % de CNP Assurances au Brésil.
C’est une tendance qui s’amplifie. Les compagnies arrivent toutes à accroître leurs ventes de supports d’assurance-vie en unités de compte (UC) – des produits plus intéressants pour eux que les fonds en euros parce qu’ils délivrent de meilleures marges et n’offrent pas la garantie du capital. Chez CNP Assurances, par exemple, l’activité en UC a bondi de 72,7 % en France au premier trimestre. Autre priorité des assureurs, la prévoyance a, elle aussi, le vent en poupe. « L’évolution du mix produit des assureurs-vie reste bonne, mais la marge sur affaires nouvelles en assurance-vie a été impactée par la baisse des taux d’intérêt », souligne toutefois Benoît Valleaux, analyste chez Natixis.
En l’absence d’une forte sinistralité climatique au premier trimestre, les ratios combinés (sinistres et frais rapportés aux primes) restent en deçà de 100 % (96,4 % pour Aviva, 93,3 % pour Generali), ce qui reflète une bonne rentabilité technique. Seul événement marquant, la tempête Niklas a surtout touché le marché allemand. Ce qui n’a pas empêché Allianz (confronté à une charge totale de catastrophes naturelles de 222 millions d’euros sur les trois premiers mois de l’année) de garder un bon ratio combiné (94,6 %), malgré une détérioration de 2 points d’une année sur l’autre.
Les analystes en avaient fait l’un de leurs points d’attention pour ces résultats trimestriels. Mais ils ont été rassurés. Alors que les taux d’intérêt ont touché un point bas au premier trimestre tout en subissant une forte volatilité, « les marges de solvabilité ont globalement bien tenu », constate Thomas Fossard. « On observe une baisse ou, au mieux, une stabilité des marges Solvabilité II [le futur régime prudentiel du secteur, NDLR] du fait de la baisse des taux, mais on reste sur des niveaux de marges très confortables », abonde Benoît Valleaux. Et la récente remontée des taux obligataires va faire du bien à ces ratios.