Il y aura de l’ambiance mercredi à la table de négociations Agirc-Arrco. Le projet patronal de retour à l’équilibre des comptes des deux régimes de retraite complémentaire des salariés fait bondir les syndicats. Le Medef, l’UPA et la CGPME restent sur une « ligne dure », avec des abattements certes temporaires, mais très importants sur les pensions versées avant 67 ans, et sans aucune hausse des cotisations.
« Mercredi devait pourtant être le début de la désescalade », regrette Jean-Louis Malys, le négociateur CFDT, qui a promptement retiré sa tentative de négociation sur un niveau d’abattements de 10 %. Les trois signataires potentiels d’un accord, CFDT, FO, CFTC, sont à présent braqués. « Face à cette radicalisation du patronat, on ne va pas se sacrifier », poursuit Jean-Louis Malys, pour qui le patronat semble poursuivre d’autres objectifs, « puisqu’il interpelle tout le monde, sur la pénibilité, sur la loi dialogue social… ». Philippe Pihet, négociateur FO, acquiesce : « Le Medef a décidé de politiser la négociation pour annihiler le compte pénibilité, et peut-être aussi pour envoyer un signal au congrès du PS, afin qu’on ne touche pas au Cice. » Résultat : les négociateurs n’excluent pas une prolongation des négociations au-delà de juin.
Le Medef propose des abattements temporaires de 40 % sur le montant de la pension complémentaire à 62 ans, 30 % à 63 ans, 18 % à 64 ans. Le message est clair : les salariés devront liquider leurs droits à 65 ans, et non plus à 62 ans, l’âge légal. La décote ne serait plus que de 2 % à 65 ans, puis 1 % à 66 ans, avant le retour du taux plein à 67 ans.
L’Agirc-Arrco fournit en moyenne un tiers de leur retraite aux non-cadres, et la moitié aux cadres. Ces abattements temporaires applicables dès 2017 à tous les assurés sauf les plus modestes (exonérés de CSG sur leur pension) permettraient d’économiser 3,1 milliards en 2020. Il n’y aurait pas de dérogation pour les carrières longues, ce qui fait dire à Jean-Louis Malys « qu’on remet en cause la loi retraites de 2014 ».
Le projet patronal propose également des ajustements de paramètres qui doivent rapporter 2 milliards dès 2017 et 5 milliards en 2020, comme la sous-indexation des pensions de 1,5 point en dessous de l’inflation (3,2 milliards en 2020), le décalage de la date de revalorisation d’avril à novembre, une réduction des dépenses de gestion de 5 % par an. Les périodes de chômage ne donneraient droit à des trimestres de retraite qu’à due proportion des sommes versées par l’Unédic à l’Agirc-Arrco, alors que jusqu’à présent cette dernière offrait un complément. Enfin, le patronat propose la fusion de l’Agirc et de l’Arrco dès 2019 et prône des pensions de réversion moins généreuses.