Alors que le Premier ministre britannique, David Cameron, et le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, ont déclaré que la hausse de l’immobilier était « le plus gros risque » menaçant la stabilité financière outre-Manche, le plus gros prêteur immobilier du pays a choisi de prendre les devants. Lloyds Banking Group a en effet décidé de ne plus prêter plus de 500.000 livres au candidat à l’achat d’une maison si ce montant représente plus de quatre fois ses revenus annuels. Le groupe précise que « ce changement d’approche impactera environ 8 % de ses prêts à Londres ».
La bulle immobilière est sur toutes les lèvres outre-Manche alors que l’économie britannique est en pleine santé. Les prix à Londres sont de « presque 30 % »plus élevés qu’avant le pic de 2007, selon Lloyds, qui a déjà réduit son exposition à la capitale (16 % des nouveaux prêts de la banque en 2013 contre 31 % en 2008). En un an, les prix des maisons ont augmenté de 8 % au Royaume-Uni et de 17 % dans la capitale, selon l’ONS, l’Insee locale.
Pour la plupart des pronostiqueurs, le nouveau comité de politique financière (FPC) de la Banque d’Angleterre va recommander un durcissement des conditions de prêt à l’issue de sa prochaine réunion le mois prochain. Il pourrait durcir les tests de résistance des ménages à une hausse des taux ou limiter dans le bilan des banques les prêts représentant plus de 4 à 5 fois les revenus des emprunteurs. A Londres, où le prix moyen d’une maison est de 450.000 livres, environ 15 % des prêts représentent plus de 4,5 fois le revenu annuel de l’emprunteur.
Le problème de la maîtrise des prix des maisons est d’autant plus difficile à régler que, pour beaucoup d’économistes, c’est le soutien du gouvernement au financement immobilier mis en place l’an dernier qui a fait redémarrer l’économie britannique. La solution la plus efficace serait de construire ou de limiter le nombre de maisons non occupées. Mais beaucoup font ce constat depuis des années, sans que rien ne se produise. Et relever les taux directeurs fragiliserait l’économie. En voulant prévenir les risques d’inflation alors même que beaucoup d’emprunteurs ont des prêts à taux variable, la Banque d’Angleterre pourrait les mettre en péril – 770.000 seraient fragilisés selon la Resolution Foundation, soit un sur dix – et donc les banques.
C’est pour cette raison que tous les regards se portent sur le FPC. Le problème est que beaucoup d’acheteurs, notamment des étrangers, achètent sans s’endetter… La bulle dans la capitale est donc d’autant plus dure à maîtriser.