Intelligenza artificiale, cartografia informatica, sistemi di informazione geografica … la prevenzione dei rischi naturali può essere ottimizzata grazie al digitale. Una mini rivoluzione per Meteo-France: un super computer verrà installato a Tolosa, con un investimento per circa 144 mln. L’obiettivo è di migliorare la modellizzazione del rischio e rafforzare i dispositivi di prevenzione. In un contesto di aggravamento dei fenomeni catastrofici, la rivoluzione digitale appare come il mezzo per accelerare le strategie di prevenzione e gestione della crisi.
Hubert Vialatte
Correspondant à Montpellier
Intelligence artificielle, cartographie informatique, systèmes d’information géographique… la prévention des risques naturels s’optimise grâce au numérique. Les collectivités, en première ligne, recherchent aussi des solutions plus agiles.
Une mini-révolution pour Météo France. Moyennant un investissement de 144 millions d’euros, un supercalculateur va être installé à Toulouse. L’objectif est d’augmenter les capacités de calcul, pour obtenir une modélisation des risques plus fine. Car, dans un contexte d’aggravation des risques naturels et d’une extension des territoires exposés, l’Etat entend renforcer les dispositifs de prévention. « Gagner quelques heures en anticipation sur l’intensité et la localisation d’un phénomène est crucial, d’autant plus que les vagues de chaleur, les cyclones, les pluies extrêmes et les feux de forêt vont s’intensifier », a prédit Jean-Marc Lacave, président de Météo France, lors des Assises nationales des risques naturels qui se sont tenues à Montpellier les 25 et 26 mars.
Au-delà des drames humains qui ont marqué récemment la Vendée, les Alpes-Maritimes oul’Aude, cette augmentation des risques se lit aussi à travers la facture des assureurs. « Les dommages annuels mondiaux liés aux catastrophes naturelles s’élevaient à environ 10 milliards de dollars dans les années 1980. Ils ont atteint à deux reprises 130 milliards de dollars ces dernières années ! » décrypte Bertrand Labilloy, directeur général de la Caisse Centrale de Réassurance (CCR). En France, la tendance est passée de 1 à 3 milliards d’euros par an en 2017, année du cyclone Irma.
Conseils en comportement
Dans cet environnement sombre, la révolution digitale apparaît comme le moyen d’accélérer les stratégies de prévention et de gestion de crise. Au premier niveau, les réseaux sociaux jouent un rôle croissant dans la transmission d’informations mais ils sont insuffisants seuls. Un écosystème est en train d’émerger en France, constitué entre autres du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), de l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea), de Météo-France, de CCR ou de start-up comme Predict Services.
Il dispense des services de plus en plus pointus aux collectivités locales qui, en première ligne, recherchent elles aussi des solutions agiles. « Ce sont des conseils de comportement en temps réel, l’élaboration de plans communaux de sauvegarde, des alertes, ou alors la gestion de précrise et de crise », détaille Laurent Montador, directeur général adjoint de CCR.
« L’usage par tout le monde »
De son côté, le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) lance cette année plusieurs appels à projets pour le développement d’outils digitaux portant sur la collecte d’information après une inondation. Par exemple, « Murex », porté par l’établissement public, vise à mutualiser les données de retour d’expérience après les inondations, en stockant, visualisant et cartographiant les données. « Garder la mémoire des inondations passées, y compris celles de moindre importance, garantit, pour les syndicats mixtes et les collectivités, une meilleure prévention des risques futurs », observe Anne Chanal, responsable du service vulnérabilité et gestion de crise au Cerema.
La 5G, les objets connectés et l’analyse des données vont faire aussi évoluer la prévention des risques naturels. Même si les acteurs y mettent des bémols car tout le monde n’a pas accès à cette technologie. « Innover, c’est bien, mais l’enjeu final c’est l’usage par tout le monde », rappelle Claire-Anne Reix, présidente du pôle de compétitivité Safe Cluster. « Les nouvelles technologies sont essentielles, mais ne peuvent pas se substituer à l’humain », renchérit Alix Roumagnac, président de Predict Services.
Ce dernier de prendre en exemple les inondations de l’Aude, en octobre 2018, où douze des treize victimes avaient plus de 80 ans et dormaient pendant la catastrophe. A Nîmes, même si le digital gagne, un exercice de prévention à l’échelle de tout un quartier sera organisé cette année pour la première fois, dans le courantde l’année, pour sensibiliser la population.
Un nouveau business pour les PME
H. V.
Les entreprises rivalisent d’innovations pour créer des solutions plus efficaces.
Predict Services s’est imposé comme une référence dans l’analyse de la vulnérabilité des territoires. Spécialisée dans la veille hydrométéorologique et la gestion des risques naturels, l’entreprise fait appel au traitement des images satellites et des modèles numériques de terrain. Elle travaille actuellement sur le projet Cosparin (contribution du spatial au risque inondation), mené avec l’Agence spatiale européenne. L’objectif est d’identifier, à terme, les pluies sur l’ensemble du globe, heure par heure. « Ces données brutes sont traitées sous forme d’algorithmes, et permettent de diffuser des consignes aux élus et aux habitants pour anticiper les risques, explique Alix Roumagnac, président de Predict Services. Le service existe déjà en France, avec l’application MyPredict ».
La PME, qui emploie 35 salariés pour un chiffre d’affaires de 4,3 millions d’euros (dont 10 % à l’international), commence par ailleurs à utiliser l’intelligence artificielle pour analyser les discours sur les réseaux sociaux et adapter les messages en fonction du destinataire. « S’il s’agit d’un industriel, on va lui conseiller de mettre en sécurité son site. Si c’est un particulier, le message lui enjoindra plutôt de monter à l’étage », précise le dirigeant. L’entreprise, créée en 2006, est détenue à parts égales par Airbus, Météo France et BRL (compagnie d’aménagement du Bas-Rhône et du Languedoc).
Objets connectés
D’autres start-up, plus récentes, s’engouffrent dans le secteur comme Numerisk, une plate-forme Web collaborative et mutualisée des risques majeurs. « Les plans communaux de sauvegarde sont très statiques, sous forme papier, et pas toujours mis à jour, explique Paul Heymès, cofondateur de cette société hébergée dans la pépinière d’entreprises de la Communauté d’agglomération de La Rochelle. Or, en temps de crise, l’information doit être rapidement accessible et de haute qualité. » Numerisk entend faciliter le décloisonnement et la collaboration entre une commune sinistrée et une commune pouvant venir en soutien.
De son côté, Ogoxi, basé dans les Hautes-Pyrénées et incubé à Météo France à Toulouse, mise sur les objets connectés pour permettre la diffusion des messages de prévention, même en cas de coupure des réseaux électrique, Internet et téléphonique. Un boîtier, installé dans les maisons, affiche en couleur des niveaux de danger et se met à sonner en cas de risque. « On peut supposer que ce boîtier aurait permis de sauver des vies lors des inondations dans l’Aude, en octobre dernier », avance Guillaume Delai, dirigeant d’Ogoxi.
A Nîmes, des capteurs pour scruter les crues
H. V.
Le dispositif de prévision sur les ruisseaux, qui opère en temps réel depuis l’an dernier, combine des informations radar et les relevés de capteurs.
La nuit du 2 au 3 octobre 1988 a marqué un tournant dans l’histoire de Nîmes. En huit heures, quelque 14 millions de mètres cubes de flots saccagent la ville. Le niveau de l’eau atteint jusqu’à trois mètres. Le bilan est dramatique : 11 morts, 45.000 sinistrés et 600 millions d’euros de dégâts. « Cet épisode de 1988 a révélé à la population et aux élus que la ville était inondable », résume Jean-Marie Filippi, conseiller municipal délégué à la protection contre les inondations et à la sécurité des bâtiments publics.
Depuis trente ans, la Rome française afait l’objet d’investissements massifs pour recalibrer ses cadereaux, ces ruisseaux généralement à sec, qui reçoivent l’eau pluviale lors des orages. Le montant du Papi II (programme d’action de prévention des inondations) s’élève à quelque 108 millions d’euros. « Le creusement de bassins de rétention (la commune en compte 22) et l’accompagnement d’eaux en furie dans leur traversée de la ville exigent des travaux à la fois complexes et coûteux », détaille l’élu.
Depuis 2004, la ville s’est dotée d’un système de prévision des crues des cadereaux. Baptisé « Espada », acronyme d’évaluation et suivi des précipitations en agglomération pour devancer l’alerte, il combine des informations radar à haute résolution spatiale et des relevés de 50 capteurs hydrométéorologiques. Depuis 2018, « le modèle intègre une fonction d’assimilation permettant de le réajuster en temps réel », précise Luc Marragou, chef du service prévention des risques de la ville de Nîmes. Le but est « de ne pas attendre que les eaux soient montées trop haut pour avertir la population », insiste Jean-Marie Filippi. Le système génère des appels téléphoniques automatiques à environ 300 correspondants, notamment des lieux recevant du public, dont les écoles.
Le déploiement d’Espada s’explique par deux spécificités nîmoises : « Des crues très rapides, qui peuvent survenir en 30 minutes, et une difficulté à établir des prévisions en amont, malgré les progrès de l’analyse des données satellitaires », observe Luc Marragou. Protéger totalement des inondations la cité de 150.000 habitants demeure impossible, « notamment si un phénomène météorologique comme celui de 1988 se reproduit », concède Jean-Marie Filippi. La sensibilisation au risque demeure donc un enjeu central. Un exercice de prévention grandeur nature est ainsi prévu dans le courant de l’année. Une première, pilotée par la collectivité, en lien avec la préfecture du Gard.
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