Solenn Poullennec
La collecte nette du produit d’épargne chéri des Français est restée positive le mois dernier, à 1,5 milliard d’euros. Le gouvernement a promis qu’il n’allait pas révolutionner ce placement.
Le mois de mars s’est terminé en demi-teinte pour l’assurance-vie. Le premier produit d’épargne français a enregistré une collecte nette de 1,5 milliard d’euros, selon les statistiques publiées mercredi par la Fédération française de l’assurance (FFA). De quoi faire progresser son encours de 2 % sur un an, à 1.681 milliards d’euros.
Certes, la collecte nette est positive pour le troisième mois consécutif. Elle est cependant légèrement inférieure à
celle enregistrée au cours des deux mois précédents
(à 2,2 milliards et 1,7 milliard d’euros en janvier et février). Dans le détail, le montant des sommes versées par les assureurs s’est établi en mars à 10,3 milliards d’euros quand celui des cotisations des épargnants a atteint 11,9 milliards d’euros – dont 3,3 milliards en unités de compte. Depuis le début de l’année, les cotisations se sont élevées à 36,3 milliards d’euros. Ce montant « témoigne du fort courant d’épargne des Français », commente le directeur du Cercle de l’Epargne, Philippe Crevel, dans une note. « La remontée de l’inflation et l’augmentation des tensions sociales les incitent à la prudence », dit-il. Les épargnants français ont d’ailleurs garni
régulièrement leur Livret A
depuis le début de l’année.
Aux yeux de Philippe Crevel, « la baisse, moins forte qu’attendue des rendements des fonds euros, joue en faveur [de l’assurance-vie], tout comme le tassement de la collecte des Plans d’Epargne Logement ». Les PEL souffrent notamment d’un changement de leur fiscalité. Depuis le début de l’année, les souscriptions sont assujetties au prélèvement forfaitaire unique (PFU), créé dans le sillage de la disparition de l’impôt de solidarité sur la fortune.
Pas de grand soir pour l’assurance-vie
Pour les mois prochains, le succès de l’assurance-vie dépendra notamment des projets du gouvernement dans le domaine. Soucieux de favoriser la détention d’épargne à long terme pour faciliter le financement de l’économie, il réfléchit depuis plusieurs mois à faire évoluer le cadre du placement.
« Il n’y aura pas de grand soir de l’assurance-vie », a cependant promis le ministre de l’Economie et des Finances
, Bruno Le Maire à la fin du mois de mars.
Pour l’heure, le gouvernement s’est engagé à favoriser le développement
du contrat euro-croissance
en le simplifiant. Ce produit, dont l’encours reste limité, a été créé en 2014. Il se veut offrir une garantie en capital au bout de huit ans minimum et se veut un bon compromis entre les contrats en euros, sûrs mais peu rémunérateurs, et les contrats en unités de compte, potentiellement plus rentables mais aussi plus risqués.
L’exécutif détaillera ses intentions au moment de la présentation du projet de loi Pacte attendue le mois prochain.