Laurent Thévenin
Le groupe français réorganise ses opérations d’assurance-vie en Suisse. Cette opération va faire baisser son besoin en capital dans le pays.
AXA se donne de nouvelles marges de manoeuvres financières. L’assureur français a annoncé mardi une modification de ses opérations d’assurance-vie collective en Suisse, qui doit lui permettre de réduire son besoin local en capital à hauteur d’environ 2,5 milliards de francs suisses (2,1 milliards d’euros) d’ici à 2019. L’opération favorisera par ailleurs une remontée de trésorerie au sein du groupe au cours des trois prochaines années.
Dans le détail, il est prévu qu’AXA Suisse transfère un portefeuille de 31 milliards de francs suisses à des organismes de retraite complémentaire appelés « fondations ». A partir de 2019, la filiale helvète continuera à assurer les risques de décès et d’invalidité et offrira ses services de gestion d’actifs à ces fondations. En revanche, elle n’aura plus à assumer les responsabilités liées à l’allocation d’actifs et aux rendements des investissements des assurés.
Un impact sur le résultat net
Selon la terminologie locale, l’assureur fait ainsi passer son portefeuille d’un modèle « complet » à un modèle « semi-autonome ». « Ces dernières années, le faible niveau des taux d’intérêt ainsi que les strictes exigences réglementaires en Suisse n’ont cessé de détériorer la compétitivité des solutions d’assurance complète pour les entreprises et leurs salariés », justifie-t-il.
Cette opération est présentée par
Thomas Buberl, le directeur général d’AXA
, comme « une étape majeure dans notre démarche d’optimisation de nos portefeuilles d’activités existantes ». L’un des objectifs poursuivis est de « réduire la sensibilité aux risques financiers ».
L’annonce a été plutôt bien accueillie par les marchés, le titre AXA s’adjugeant 0,91 % à la Bourse de Paris, malgré la perspective d’un impact négatif de 400 millions de francs suisses (339 millions d’euros) sur le résultat net du premier semestre 2018 et d’une réduction « temporaire » du résultat opérationnel d’environ 20 millions d’euros à partir de 2019.
« Renforcer notre position de numéro un »
« C’est une opération positive, en ligne avec la stratégie annoncée. Elle va libérer beaucoup de capital localement. Cette flexibilité financière supplémentaire pourra servir à la réduction de l’endettement ou être redéployée dans des opportunités d’investissement », juge ainsi Benoît Valleaux, analyste chez Natixis.
AXA confirme par ailleurs l’importance de la Suisse
– l’un de ses dix grands marchés avec 9,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2017 – dans son dispositif. « Le segment en croissance de la prévoyance collective semi-autonome deviendra notre principale activité auprès des entreprises en Suisse. Nous comptons la développer en coopération avec nos partenaires afin de renforcer notre position de numéro un sur le marché suisse de l’assurance », souligne Antimo Peretta, directeur général d’AXA en Europe.
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