C’est une statistique qui devrait renforcer l’intérêt grandissant des assureurs pour la maison connectée. D’après une étude réalisée par OpinionWay pour la Macif et dévoilée mardi, 28 % des ménages envisagent de protéger leur domicile à l’aide de solutions de surveillance connectées aux smartphones. Seuls 7 % des Français sont équipés pour l’instant. Ce qui laisse donc entrevoir des opportunités pour les assureurs.
Un e-mail en cas d’intrusion
Ceux-ci commencent tout juste à pousser la porte de la maison connectée. En 2015, AXA France avait été le premier à se lancer. La Macif a présenté mardi une offre pour protéger et piloter son domicile depuis son smartphone. Vendue en option et s’appuyant sur l’assisteur IMA, elle prévoit des alertes par message vocal ou e-mail en cas d’intrusion, de fuite d’eau ou de détection de fumée, une simulation de présence grâce aux prises connectées ou l’activation du système à distance.
Ces mesures de prévention et de détection devraient normalement faire baisser le risque habitation pour les clients équipés. Pour autant, ceux-ci ne bénéficieront pas d’une réduction de leur cotisation d’assurance. « Mais il y aura un impact sur les franchises », précise Yann Arnaud, directeur pilotage, performance, produits et tarifs à la Macif. « Avec la maison connectée, les assureurs sont plus dans une logique de services et de chiffre d’affaires additionnel. Ils n’ont pour l’instant pas de volonté de réduire les primes pour les clients qui auraient équipé leurs maisons avec de tels systèmes de surveillance, car ils sont déjà à l’euro près en multirisque habitation », avance Jean-Louis Delpérié, associé au cabinet Exton Consulting.
Défi technologique
Reste à voir si les assurés sauteront effectivement le pas financièrement. Pour 1 Français sur 3, le coût de tels services est en effet supposé trop cher et évalué à 52 euros par mois, selon le sondage OpinionWay. Ils seraient plutôt prêts à payer 12 euros par mois. « Mais nous vendons déjà beaucoup de garanties pour l’électroménager qui renchérissent le coût du contrat », signale Yann Arnaud. Le passage à ces offres « se fera au gré du renouvellement des équipements et de l’abaissement du coût du matériel », anticipe-t-on chez Exton Consulting.
Pour les assureurs, le défi posé est aussi technologique. « Le véritable enjeu sera d’arriver à interconnecter les différents objets (alarmes, volets, détecteurs installés sur les systèmes de chauffage, etc.) sur un même portail », explique Jean-Louis Delpérié. « Les assureurs vont vouloir créer leurs propres hubs en référençant des partenaires », ajoute-t-il.
Il leur faudra se placer au mieux sur la chaîne de valeur, alors que le sujet intéresse aussi les géants de l’Internet des objets ou les opérateurs de télécommunications. « Si les solutions proposées par les Gafa deviennent des standards de marché, alors il sera très difficile pour les assureurs de se positionner », prévient Jean-Louis Delpérié.
Laurent Thévenin, Les Echos
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