Plus de vingt-cinq ans après l’apparition des premières offres, l’assurance dépendance peine toujours à décoller. Si l’on compte au total quelque 5,5 millions de personnes couvertes, une grande partie le sont seulement via des garanties incluses dans leur contrat de complémentaire santé. D’après les statistiques de la Fédération française des sociétés d’assurances, seul 1,5 million le seraient au titre d’un contrat d’assurance dépendance à part entière. Les résultats du sixième « baromètre prévoyance dépendance » réalisé par TNS Sofres pour La Banque Postale Prévoyance et dévoilé en exclusivité par « Les Echos » viennent confirmer le peu d’appétit des Français pour ces produits.
Alors que la dépendance est un sujet de préoccupation pour huit personnes sur dix chez les 35-75 ans, elles ne sont qu’un quart à avoir pris des dispositions en la matière. Seuls 14 % ont souscrit un contrat de prévoyance spécifique à la dépendance. Parmi les Français qui n’en ont pas encore, 13 % envisagent de prendre un tel contrat. Un chiffre qui est même en recul par rapport à l’étude présentée en 2012. « Le développement du marché est clairement freiné par les contraintes budgétaires des ménages. Quand on gagne moins de 1.650 euros par mois, comme la moitié des Français, il n’est pas évident de financer une assurance dépendance de 30 euros par mois », relève Tanguy Carré, directeur général de La Banque Postale Prévoyance (150.000 contrats dépendance en portefeuille pour une prime mensuelle moyenne de 37 euros).
Confusion
Près de la moitié des personnes interrogées s’estiment aujourd’hui couvertes financièrement en cas de dépendance, principalement grâce aux produits d’épargne classique (livrets, assurance-vie, épargne-retraite, etc.). Elles disent également l’être grâce à une pension de retraite suffisante (43 %), à leurs revenus immobiliers (30 %) ou à une assurance dépendance (24 %). « Toute comparaison avec l’épargne financière ou immobilière est source de confusion. La dépendance est un risque et relève donc du domaine de l’assurance. Il faut arriver à convaincre les Français qu’il est normal, au-delà de l’épargne, de s’assurer contre ce risque », insiste Tanguy Carré. Autre argument avancé, les frais liés à la dépendance sont très élevés. D’après la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), le maintien à domicile d’une personne dépendante coûte en moyenne 1.800 euros par mois, tandis qu’une place en maison de retraite revient à 2.300 euros par mois en moyenne.
Un petit tiers des Français se sont déjà renseignés sur les solutions possibles, en se tournant d’abord vers leur assureur santé ou leur entourage.