Grâce au développement de l’assurance-vie et de son marché d’actions, le Maroc est la figure de proue de la région.
Le Maghreb, future Terre Promise des assureurs en quête de nouvelles poches de croissance ? La région en a, en tout cas, le potentiel selon une étude de Standard and Poor’s. L’agence de notation se fonde sur trois indicateurs : les taux de pénétration encore faibles de l’assurance, des types d’activité très peu développés, et une « réelle tendance à l’amélioration des taux de souscriptions ces dernières années ». Pour l’heure, seule l’assurance responsabilité civile est en effet obligatoire dans les trois pays maghrébins (Algérie, Tunisie et Maroc), et l’assurance-vie n’est pas démocratisée. Le Maroc a un temps d’avance. C’est le pays qui affiche le plus fort taux de pénétration (primes émises sur PIB) de la région à 2,8 %. Un phénomène dû en partie au développement de l’assurance-vie qui représente 35 % du total des primes en 2009. « La percée de la bancassurance au Maroc est un facteur-clé dans le développement de l’assurance-vie et de l’épargne ces dernières années », explique Standard and Poor’s, avec des acteurs comme Axa ou Société Généralecute; Générale. Mieux, « le développement du marché d’action au Maroc offre des investissements plus profonds et plus variés » que chez ses voisins. Enfin, le Royaume dispose de belles perspectives : les assureurs sont sur le point d’élaborer un programme d’assurance habitation qui pourrait devenir obligatoire. Bref, « le Maroc a encore un très fort potentiel de croissance sur ce marché car beaucoup de particuliers et de PME ne sont pas couverts aujourd’hui », résume Camille Goossens, associé au cabinet Bain & Company. Protectionnisme algérien Du côté de l’Algérie, l’État reste prédominant sur le marché de l’assurance, car il détient de nombreuses compagnies, et surtout « limite le contrôle des sociétés d’assurance par des investisseurs étrangers ». Le développement des marchés financiers étant peu avancé, l’allocation d’actifs s’oriente essentiellement vers des titres d’État et des dépôts bancaires. En revanche, l’assurance des risques catastrophes et certaines couvertures de risques pour les PME y sont obligatoires. Du côté de la Tunisie, enfin, les mouvements populaires pourraient certes affecter à court terme l’activité des assureurs. Mais pour l’analyste de Standard and Poor’s Lotfi Elbarhdadi, les révoltes ne devraient pas « remettre en question les bonnes perspectives sur le long terme. L’augmentation des risques financiers pourrait conduire les assureurs tunisiens à se focaliser davantage sur la gestion des risques des portefeuilles existants que sur la croissance du chiffre d’affaires ». Mathias Thépot