Retour à la normale pour la Matmut. La mutuelle rouennaise a renoué avec les profits l’an dernier (13,5 millions d’euros) après avoir essuyé une perte de 56 millions d’euros en 2009. « Il n’y a pas de quoi se féliciter outre mesure, cela ne représente même pas 1 % du chiffre d’affaires », tempère Daniel Havis, le PDG du groupe, plus satisfait par la croissance « convenable » du nombre de sociétaires (+ 1,7 %, à 2,9 millions).
A 1,8 milliard d’euros, le chiffre d’affaires a progressé de 13,3 %, porté par le doublement de la croissance de l’assurance-vie (244 millions d’euros de collecte). Si elle réalise toujours plus de la moitié de son encaissement en assurance automobile, la Matmut poursuit sa stratégie de diversification. L’assurance de personnes lui rapporte désormais 15 % de son chiffre d’affaires, contre 10 % en 2009. Une tendance appelée à s’amplifier au vu des bons débuts de l’assurance-santé lancée en mai dernier (près de 50.000 personnes protégées).« Ce qui est remarquable, c’est que nous n’avons pas fait de publicité autour de cette offre et qu’un tiers des souscripteurs ne sont pas des sociétaires de la Matmut », se félicite Daniel Havis.
Développer le « cross canal »
A terme, la mutuelle pense équilibrer son chiffre d’affaires entre l’assurance-dommages et l’assurance de personnes. Ce qui n’empêche pas Daniel Havis de s’interroger sur la nécessité « de conserver en interne » ses activités d’assurance-vie épargne. « Consommer des fonds propres pour faire de l’épargne, je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure chose à faire pour la Matmut », explique-t-il. Les réflexions sur le sujet seraient « bien avancées » : « On peut trouver à travailler avec d’autres. »
En attendant, la Matmut a pu renforcer ses fonds propres en 2010 (+ 1,8 %, à 1 milliard d’euros) pour une marge de solvabilité combinée s’élevant à 3,91 fois le minimum réglementaire. « Nous n’aurons pas de difficulté en vue de Solvabilité II », affirme Daniel Havis, soulignant que le groupe respectait plus de 2 fois le minimum réglementaire dans le QIS 5.
Pour 2011, la Matmut préfère ne pas faire de pronostics, après un début d’exercice qui « revient vers les standards des années normales ». En 2010, la tempête Xynthia et les inondations du Var avaient coûté 46 millions d’euros à la Matmut.
Une des priorités de l’année, la poursuite du développement du « cross canal » entre Internet, le téléphone et les agences. La Matmut indique par ailleurs ne pas vouloir lancer une gamme spécifique de produits sur Internet. « Je ne crois pas au low cost », tranche Daniel Havis. Enfin, Sferen, le pôle mutualiste commun créé fin 2009 avec la Maif et la Macif, « avance » et devrait présenter bientôt ses premiers résultats tangibles.