Faut-il y voir un effet de la crise ? Toujours est-il que le chiffre d’affaires des complémentaires santé a sensiblement moins augmenté l’an dernier qu’en 2009. Selon les statistiques du Fonds de financement de la couverture maladie universelle (Fonds CMU), le marché de la complémentaire santé, toutes familles confondues, a progressé de 4,23 % en 2010, contre 5,87 % en 2009 et 5,13 % en 2008, pour atteindre 31,39 milliards d’euros.
« Cette hausse est très modérée, c’est même l’un des chiffres les plus bas depuis la création du Fonds CMU en 2000 », souligne Jean-François Chadelat, le directeur du fonds. Selon lui, le contexte économique difficile a évidemment pesé dans la balance.« L’impact de la crise se fait sentir principalement sur les collectives et, dans une période de hausse tarifaire, les entreprises et les assurés font sans doute plus attention à leurs contrats », avance-t-il.
« Tarifs ajustés au plus près »
Dans ce contexte, le Fonds CMU souligne « la bonne tenue » des assureurs privés, qui continuent inexorablement de grignoter du terrain. Les 92 sociétés d’assurances ont notamment connu un très bon quatrième trimestre (+ 12,64 %). Avec un chiffre d’affaires en hausse de 6,38 %, à 8,47 milliards d’euros, elles pèsent désormais 27 % du marché de la complémentaire santé. A noter toutefois que cette belle progression d’ensemble a été tirée par deux grandes sociétés, qui représentent à elles deux 21 % de l’assiette déclarée par le secteur. « En neutralisant leurs chiffres, le taux d’évolution baisserait de + 6,4 % à + 4,7 % », souligne le Fonds CMU.
A l’opposé, les institutions de prévoyance (IP) ont marqué le pas (+ 0,61 %, à 5,26 milliards d’euros). Comme le souligne le Fonds CMU, il convient cependant de relativiser cette quasi-stagnation, qui tient notamment au poids de trois grosses IP ayant connu des taux d’évolution très faibles. En neutralisant leurs chiffres, la progression s’élèverait à 3,3 %. Au total, les 34 institutions de prévoyance comptent pour moins de 17 % du marché.
Les mutuelles (56,27 % de part de marché) sont, elles, « dans une situation intermédiaire », avec un chiffre d’affaires en augmentation de 4,33 %, à 17,66 milliards d’euros. Une évolution qui pourrait s’expliquer par le fait que les mutuelles, « qui n’ont pas d’actionnaires à rémunérer, essaient d’ajuster leurs tarifs au plus près », estime Jean-François Chadelat.
LAURENT THÉVENIN, Les Echos