Laurent Thévenin
Le géant américain s’est allié à JP Morgan et Berkshire Hathaway dans la santé aux Etats-Unis. En Europe, ses intentions dans l’assurance interrogent.
Si les Gafa ne sont pas encore véritablement passés à l’action dans l’assurance, Amazon semble s’y intéresser de plus en plus. Le géant américain du commerce électronique pourrait même ouvrir plusieurs fronts. Aux Etats-Unis,
l’annonce, fin janvier, de son alliance avec la banque new-yorkaise JPMorgan Chase et Berkshire Hathaway,
le holding du milliardaire Warren Buffett, pour faire baisser les frais de santé de leurs employés respectifs a ainsi fait l’effet d’une bombe.

Ces trois mastodontes vont, en effet, créer une entité indépendante chargée d’offrir des services de santé « de haute qualité […] à un coût raisonnable ». Leur projet pourrait aller au-delà de leurs trois groupes respectifs. « Notre objectif est de créer des solutions qui bénéficieront à nos employés aux Etats-Unis, à leurs familles et, potentiellement, à tous les Américains », a déclaré Jamie Dimon, le PDG de JP Morgan. Amazon et ses partenaires n’ont pas encore dit s’il s’agirait d’une compagnie d’assurances à part entière, mais cette perspective a fait tanguer les cours de Bourse des principaux assureurs-santé du pays. En s’associant à Berkshire Hathaway, dont le métier de base est précisément l’assurance, Amazon s’est en tout cas ouvert le jeu en grand.
Des intentions cachées
En Europe, le secteur de l’assurance est également toujours dans l’expectative vis-à-vis de ses projets. Depuis la publication, l’automne dernier, d’offres d’emploi s’adressant à des professionnels de l’assurance afin de « créer une nouvelle palette de services », Amazon n’a rien laissé filtrer de ses intentions. Il vend déjà une assurance-produits au Royaume-Uni et dans plusieurs autres pays. Face à l’arrivée possible de nouveaux venus dans leur terrain de jeu, les assureurs n’ont en tout cas pas l’intention de se poser en victimes expiatoires. « Les assureurs possèdent des connaissances et une expertise inestimable, que nous pouvons mettre à disposition. Je souhaite faire de nos concurrents potentiels de demain nos partenaires d’aujourd’hui », a ainsi déclaré
Thomas Buberl, le directeur général d’AXA
, dans une récente interview au magazine belge « Trends-Tendances ».

Il y aurait aussi une prime aux groupes capables de les accompagner dans des zones très étendues. « Des compagnies comme Amazon ne veulent pas avoir des partenaires assureurs différents dans chaque pays. Elles construisent des plates-formes globales », a affirmé Oliver Bäte, le président du directoire d’Allianz, le mois dernier, en marge de la présentation des résultats du groupe allemand.
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