SOLVEIG GODELUCK

LE DÉFICIT A DIMINUÉ DE 800 MILLIONS EN 2016, À 2,2 MILLIARDS D’EUROS. LA FUSION DES RÉGIMES AGIRC ET ARRCO SE PRÉPARE DOUCEMENT POUR 2019.
Les retraites complémentaires des salariés du privé ne vont plus dans le mur. L’Agirc-Arrco a publié jeudi ses comptes pour 2016, à l’occasion d’un point avec l’Association des journalistes d’information sociale. Le déficit s’est élevé à 2,2 milliards d’euros, en diminution de 800 millions sur un an, et les réserves n’ont jamais été aussi hautes en valeur absolue : 64 milliards d’euros, soit onze mois de prestations.

En 2015, l’inquiétude était très forte sur l’avenir des retraites complémentaires. Les déficits accumulés étaient partis pour épuiser les réserves des deux régimes Agirc et Arrco (cadres et ensemble des salariés du privé). Sachant que les émoluments versés par l’Agirc-Arrco pèsent 57 % de la pension moyenne d’un retraité cadre, cette perspective faisait frémir. Les partenaires sociaux, qui gèrent ces régimes, sont parvenus à un accord fin octobre 2015.

Les premiers résultats sont là, assure François-Xavier Selleret, le directeur des deux régimes : « Les résultats sont conformes à nos objectifs, même s’il est encore difficile de chiffrer ce qui relève de l’accord d’octobre 2015. » L’une des principales sources d’économies devait être la poursuite de la politique de sous-indexation des pensions, un point en dessous du niveau de l’inflation. Comme les prix ont tout de même un peu augmenté en 2016, de 0,6 %, il y a bien un gain.

Cet « effet prix » doit être mis en balance avec l’évolution du nombre de pensionnés, qui est lui-même tiraillé entre un âge de la retraite plus tardif, et des départs anticipés pour carrière longue plus nombreux (30 % du total). Autre mesure à effet immédiat en 2016 : l’extension de la cotisation AGFF aux cadres les mieux payés (plus de 154.500 euros par an). En revanche, la mesure la plus polémique, le bonus-malus pour partir un an plus tard à la retraite, n’entrera en vigueur qu’en 2019.

Prudence
Comme l’année dernière, les investissements financiers ont rapporté 2 milliards d’euros. Le résultat technique, c’est-à-dire le solde entre les cotisations et les prestations, s’est amélioré de 700 millions d’euros et est déficitaire de 4,3 milliards. « Nous avons bénéficié de cotisations dynamiques mais exceptionnelles, ce qui nous rend prudents », explique François-Xavier Selleret. En effet, il y a eu de nombreuses régularisations sur des exercices antérieurs, et le passage à la mensualisation a permis un gain comptable de 9 milliards, dont 5 réinjectés dans les réserves.

La priorité des deux régimes est désormais d’organiser leur fusion, programmée pour janvier 2019. Les partenaires sociaux doivent trouver un accord un an auparavant, dernier délai. Ils ont déjà décidé d’unifier la valeur du point, en prenant comme référence l’Arrco – mais la conversion ne fera pas de perdants. Le débat devrait être plus animé sur la gouvernance. L’idée est de pouvoir ajuster des paramètres au fil des mois : réserves, indexation… Il faudra définir ce qui relève du « pilotage stratégique » et donc des partenaires sociaux, ou « tactique ». Une harmonisation des règles sera nécessaire, pour les majorations familiales par exemple. Voire une modernisation de certaines règles telles que la réversion. Mais les partenaires sociaux ne se hâtent pas avant d’entrer dans des négociations difficiles. Car si l’âge légal de départ à la retraite passait progressivement à 65 ans dans l’hypothèse d’une victoire de François Fillon à la présidentielle, beaucoup d’autres sacrifices deviendraient inutiles. Et si l’on basculait dans un régime universel, comme le propose Emmanuel Macron, il faudrait de toute façon tout changer.
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