Les établissements de crédit français comptent plus que jamais sur l’assurance. Alors que les taux d’intérêt durablement bas mettent sous pression leurs métiers traditionnels de banque commerciale, cette activité est en effet devenue un relais de croissance indispensable. Et, de fait, l’assurance prend une place croissante dans leurs discours – c’est devenu le « deuxième métier » du Crédit Mutuel, précurseur de la bancassurance au début des années 1970 – et dans leurs résultats.

En ordre de marche

Cet apport a été particulièrement visible en 2015. Chez BNP Paribas, par exemple, les activités d’assurance ont dégagé l’an dernier un résultat avant impôt de 1,3 milliard d’euros, en hausse de 6,8 % par rapport à 2014. Au Crédit Agricole, le pôle assurance affiche un résultat net part du groupe en progression de 13,3 %, à 1,18 milliard d’euros. Pour Société Générale, la contribution du métier assurance au résultat du groupe bancaire s’est élevée à 337 millions d’euros (+10 %). Quant au Crédit Mutuel, il tire aujourd’hui près de 31 % de son résultat net part du groupe de l’assurance.

Tous les groupes bancaires sont aujourd’hui en ordre de marche pour accélérer encore dans la bancassurance, et notamment dans les activités dites de « risques » (auto, habitation, santé, prévoyance, assurance-emprunteur, etc.). BPCE a réuni toutes ses activités d’assurance dans un pôle unique logé dans sa filiale Natixis. Entre la reprise cette année des affaires nouvelles d’assurance-vie et prévoyance vendues aux guichets des Caisses d’Epargne et la poursuite d’un fort développement en assurance-dommages (+11 % de chiffre d’affaires en 2015), le groupe bancaire se dit bien parti pour dépasser les 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2017, contre 6,1 milliards d’euros l’an dernier (lire ci-dessous). La Banque Postale parachève également la constitution de son pôle d’assurance non-vie avec le rachat de la participation de CNP Assurances dans La Banque Postale Prévoyance. En 2015, la filiale bancaire du groupe postal a confirmé sa dynamique en assurances, avec 547.000 affaires nouvelles en dommages – un terrain sur lequel elle est arrivée fin 2010 seulement -, plus de 60.000 en santé et près de 310.000 en prévoyance.

Un avantage non négligeable

Après s’être taillés la part du lion en assurance-vie, dont ils sont de loin les premiers acteurs, les bancassureurs travaillent aujourd’hui à dupliquer ce succès en auto et habitation. Les ACM (Crédit Mutuel) ou Pacifica (Crédit Agricole Assurances) ont déjà montré la voie depuis longtemps. Mais l’élan est aujourd’hui général, et les bancassureurs gagnent des parts de marché avec une régularité impressionnante. Ils peuvent jouer sur plusieurs tableaux : profiter de la vente d’un crédit immobilier pour placer à cette occasion une assurance habitation, et équiper le portefeuille de clients de leur maison mère. Vu la fréquence de contacts entre un client et sa banque, ils disposent d’un avantage non négligeable vis-à-vis des autres assureurs.

Laurent Thévenin, Les Echos

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