L’utilisation des objets connectés commence à prendre dans l’assurance. Mais elle reste pour l’essentiel circonscrite à l’automobile. D’après une étude du cabinet Roland Berger, en partenariat avec l’Efma, 60 % des 35 premiers assureurs européens proposent déjà des solutions connectées – via des applications sur smartphone ou des capteurs – dans le domaine de la voiture. L’Italie et le Royaume-Uni sont les pays les plus avancés en la matière, tandis que, en France, trois des assureurs du Top 5 s’y sont mis.
Pour l’heure, les offres les plus poussées vont jusqu’à accorder des ristournes sur les assurances ou des récompenses aux bons conducteurs. Mais aucun des grands opérateurs européens ne pratique encore le « pay how you drive » (payez comme vous conduisez) intégral, qui modulerait à la baisse ou à la hausse la cotisation en fonction du comportement au volant. « Mais on y viendra graduellement », estime Mathieu Sébastien, partner chez Roland Berger.
D’après les 23 compagnies de 8 pays européens interrogées dans cette étude, les polices d’assurance auto reposant sur l’Internet des objets devraient représenter 7 % des affaires nouvelles en 2017 et 34 % en 2025. Le potentiel semble d’autant plus évident qu’un nombre grandissant de véhicules devraient sortir d’usine en étant déjà équipés.
L’essor s’annonce plus lent en matière de maison connectée. A deux exceptions près, les grands assureurs européens n’ont en effet pas encore investi ce champ-là, où ils pourraient faire valoir auprès des consommateurs une plus grande sécurisation du domicile et une détection précoce des sinistres, par exemple. « Le principal frein tient à l’installation de tous les capteurs et caméras, en raison notamment de leur prix », explique Mathieu Sébastien. Pour les répondants à l’étude, ce marché ne devrait pas peser plus de 2 % des affaires nouvelles en assurance-habitation en 2017 et 15 % en 2025.
Dans le domaine de la santé, la part des polices d’assurance reposant sur la télématique devrait s’élever à 21 % des affaires nouvelles dans dix ans (4 % en 2017). Seul un grand opérateur européen s’est aventuré sur ce terrain pour l’instant. Les assureurs apparaissent assez partagés sur les perspectives, notamment en ce qui concerne l’utilisation des objets connectés dans l’aide au bien-être. Certains y voient un effet de mode, d’autres une tendance durable, rapporte Roland Berger. Reste aussi un obstacle majeur, comme le souligne le cabinet de conseil : « La protection des données personnelles, qui est une préoccupation majeure » pour les assurés.