Pour la première fois depuis six mois, l’assurance-vie a enregistré une collecte nette légèrement positive de 300 millions d’euros en février. Ce retour à meilleure fortune tient au ralentissement des retraits des épargnants, en recul de 24 % par rapport au mois de janvier, à 9,9 milliards d’euros. Dans le même temps, les versements enregistrent un recul plus modéré, de 14 %, à 10,2 milliards d’euros, selon les chiffres publiés vendredi 23 mars par l’Association française de l’assurance (AFA).
C’est une bonne nouvelle pour les professionnels du secteur qui y voient une normalisation du comportement des ménages. Angoissés par la conjoncture économique et la dégringolade des Bourses, les épargnants privilégiaient en effet depuis plusieurs mois les placements de court terme comme le Livret A dont la collecte enregistre record sur record. Cette préférence pour l’épargne liquide facilement mobilisable était renforcée par la volonté des banques à rapatrier dans leurs bilans des dépôts pour respecter les nouvelles exigences du cadre réglementaire Bâle III.
Les gens sont moins inquiets
Les progrès sur le dossier grec ont apaisé une partie des craintes des épargnants et la pression exercée par les marchés sur les grands pays de la zone euro, comme l’Italie ou l’Espagne, s’est relâchée quelque peu. Les opérations exceptionnelles de la Banque centrale européenne (BCE) de mise à disposition de liquidités ont par ailleurs apaisé les tensions. Globalement, les perspectives économiques s’améliorent aussi. « Les gens sont moins inquiets. Jusqu’ici, ils préféraient se désendetter et puiser dans leur épargne pour concrétiser leurs projets de vie », confirmait jeudi 22 mars lors de la présentation des résultats de BNP Paribas Cardif son président-directeur général Eric Lombard. L’assureur a ainsi enregistré en janvier et février une collecte supérieure à celle qui avait été réalisée à la même période l’an dernier.
Une tendance à confirmer
Mais si la plupart des acteurs du secteur confirment cette tendance, elle doit encore s’inscrire dans la durée. Les retraits sur l’assurance-vie ont beau être en recul en février, ils restent supérieurs de 21 % à leur niveau il y a un an. L’arrivée à la retraite des « baby-boomers », qui souhaiteront utiliser leur contrat pour améliorer leur pouvoir d’achat, et la baisse des rendements promettent de nourrir encore les retraits. A plus court terme, « les différentes annonces des candidats à la présidentielle sur un alourdissement de la fiscalité risquent de fragiliser l’assurance-vie. Le mois de mars devrait être moins bon », anticipe Eric Lombard.