SCOR s’allie à LBO France pour investir dans la dette
ANNE DRIF
FACE À LA SURCHAUFFE DU CRÉDIT AUX GRANDES ENTREPRISES, DE MOINS EN MOINS SÉCURISÉ, LE QUATRIÈME RÉASSUREUR MONDIAL S’ASSOCIE À LA SOCIÉTÉ DE GESTION DE ROBERT DAUSSUN POUR FINANCER LES PLUS PETITES SOCIÉTÉS. ILS LANCENT ENSEMBLE UN FONDS DE 300 MILLIONS D’EUROS.
La société de gestion de SCOR se fait plus prudente face à la surchauffe du crédit. Actif depuis 2011 dans la gestion de dette de grands groupes et de grands projets,
SCOR Investment Partners (SIP)
veut donner la priorité au financement des plus petites entreprises. Dans cette optique, le gérant du quatrième réassureur mondial s’allie à
la société d’investissement LBO France
au travers d’un fonds de 300 millions d’euros.
« Depuis cinq ans, explique Fabrice Rossary, directeur des investissements au sein de SIP, les conditions d’octroi de crédit se relâchent. Les contrats de financement sans ‘covenants’ financiers [sans conditions financières associées. NDLR] sont devenus la norme sur les transactions de taille importante. Cette évolution découle de la demande élevée des investisseurs pour ces actifs qui offrent des rendements attractifs et affichent des taux de défaut faibles. Dans ce contexte, nous conservons notre orthodoxie dans l’octroi de crédit et privilégions les structures de financement encadrées par des critères stricts afin d’obtenir une structuration de dette protectrice. Le marché du financement des entreprises de taille moyenne offre à cet égard de réelles opportunités d’investissement. »
Ces critères, comme le plafonnement de l’endettement en fonction des bénéfices, sont en effet naturellement imposés aux entreprises de plus petite taille.
Cycle de crédit
Pour mener cette stratégie spécifique, SCOR, qui gère déjà plus de 3 milliards d’euros dans la dette privée et souscrira au nouveau fonds à hauteur de 50 à 100 millions d’euros, a choisi de s’adresser à la société de Robert Daussun pour sa résilience. Investisseur depuis trente ans dans les PME françaises, LBO France a, de fait, déjà géré plusieurs dossiers difficiles liés à la bulle financière de 2007. « La démonstration de leur pérennité à travers les crises est importante pour nous. Sur les marchés de financement ou d’acquisition d’actifs privés, il faut être présent dans la durée, et notamment avoir traversé des cycles de crédit », souligne Fabrice Rossary.
Cette alliance permet à LBO France d’élargir sa palette d’investissements. « Investir en dette auprès des petites entreprises nous permet d’approfondir notre proximité avec le tissu économique, en intervenant en amont ou à la place d’une opération en capital qui ne se révèle pas toujours possible, explique Robert Daussun. Nous voulons ainsi offrir toute la palette d’investissements aux entreprises françaises. »
Prudence ne veut pas dire faible rendement, jugent les deux partenaires. Ils se donnent un objectif de 4,5 % de performance nette annuelle.
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