Les pistes des assureurs pour faire décoller l’euro-croissance
SOLENN POULLENNECLAURENT THÉVENIN
DES ASSUREURS-VIE ESPÈRENT UN COUP DE POUCE DE BERCY À L’OCCASION DE LA LOI PACTE POUR FACILITER LA MONTÉE EN PUISSANCE DE CE SUPPORT D’ÉPARGNE. LANCÉ EN 2014, CELUI-CI A DU MAL À ÉMERGER.
Les assureurs-vie espèrent un nouveau coup de pouce de Bercy pour faire enfin émerger une nouvelle déclinaison du placement favori des Français. Ils promeuvent ainsi plusieurs pistes pour faciliter la montée en puissance des
contrats d’assurance-vie euro-croissance
lancés en 2014. Les discussions sur le développement de ces nouveaux contrats
ne sont pas nouvelles
. Elles ont cependant regagné en acuité alors que le gouvernement
s’intéresse à l’assurance-vie
dans le cadre de son
projet de loi sur les entreprises (Pacte) en préparation
. La Fédération française de l’assurance (FFA) a ainsi profité de la consultation de Bercy sur le projet pour défendre un « [contrat] euro-croissance renouvelé en profondeur ».
Conçus pour orienter l’épargne des Français vers le financement des entreprises, les contrats euro-croissance n’offrent une garantie en capital qu’au bout de huit ans minimum. Ils se veulent pour les épargnants un bon compromis entre les contrats « en euros », sûrs mais peu rémunérateurs, et les contrats en « unités de compte », potentiellement plus rentables mais aussi plus risqués.
En dépit des avantages affichés, les euro-croissance n’ont pas rencontré le succès escompté. En 2016, l’encours de ce nouveau support d’épargne ne s’élevait qu’à 1,9 milliard d’euros, quand l’encours total de l’assurance-vie représentait près de 1.635 milliards d’euros. Ce peu d’engouement pour l’euro-croissance ne fait pas l’affaire des assureurs. Le support a en effet été pensé pour faciliter la diversification de leurs portefeuilles à l’heure où la faiblesse des taux complique la recherche de rendement. L’euro-croissance a aussi l’avantage d’être relativement peu gourmand en fonds propres.
Prolonger le dispositif d’aide au décollage
Pour faire enfin émerger ce type de placement, plusieurs assureurs-vie aimeraient que le gouvernement renforce ou proroge, au-delà de la fin de cette année, le mécanisme adopté à l’été 2016 pour favoriser la montée en puissance des nouveaux contrats au fil de la collecte nouvelle.
Mis en place par Bercy, ce dispositif technique permet de transférer une partie des plus-values latentes des « fonds euros » vers les fonds euro-croissance. Lancés en pleine période de baisse des taux, ceux-ci ont du mal à offrir des rendements attractifs par rapport aux fonds euros investis dans des anciennes obligations encore bien rémunérées. Le mécanisme est censé rétablir l’équilibre entre les deux supports d’épargne.
Les assureurs aimeraient aussi que l’euro-croissance soit plus simple à comprendre pour les épargnants et donc plus facile à vendre pour les professionnels. Le produit,
dont la complexité a été relevée par les régulateurs,
se présente aujourd’hui sous la forme de deux poches d’investissement valorisées de façon différente. « Il y a un sujet de simplification. Il faudrait peut-être avoir une seule valorisation pour ce produit », explique Benoît Gommard, responsable grands réseaux de BNP Paribas Cardif en France.
Enfin, des assureurs plaident pour que l’euro-croissance puisse être plus facilement proposé comme une solution d’épargne-retraite. Plus précisément, ils souhaiteraient que le plan d’épargne retraite populaire (PERP) puisse être aisément décliné sous forme d’euro-croissance. Ce qui supposerait un ajustement de la réglementation sur les règles de cantonnement des avoirs des épargnants. « Le potentiel de l’euro-croissance sur les PERP est extrêmement important », assure un assureur.
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