Des indicateurs encourageants pour l’assurance-vie
LAURENT THÉVENIN
LA COLLECTE NETTE A ATTEINT 7,2 MILLIARDS D’EUROS EN 2017, CONTRE 17,1 MILLIARDS L’ANNÉE PRÉCÉDENTE. LES ÉPARGNANTS SE SONT DAVANTAGE TOURNÉS VERS LES SUPPORTS RISQUÉS EN UC.
L’assurance-vie aura terminé l’année 2017 sans faire d’étincelles. En décembre, la collecte nette, c’est-à-dire la différence entre les sommes versées par les épargnants sur leurs contrats et les prestations, s’est élevée à 500 millions d’euros, selon les statistiques publiées jeudi par la Fédération française de l’assurance (FFA). Ce qui efface la collecte nette négative de novembre (-500 millions d’euros).
Sur l’ensemble de l’année, le solde est positif de 7,2 milliards d’euros, soit 10 milliards d’euros de moins qu’en 2016. C’est aussi une moins bonne performance qu’en 2015 (23,5 milliards), 2014 (22,6 milliards) et 2013 (10,8 milliards). L’assurance-vie a par ailleurs souffert de la comparaison avec
le Livret A, qui a engrangé une collecte nette de plus de 10 milliards d’euros
l’an dernier.
« C’est une année qui peut paraître en demi-teinte, mais avec une dynamique récente en nette amélioration au second semestre, qui a représenté 80 % de la collecte nette de l’année. C’est un fait notable par rapport aux années précédentes », souligne Bernard Spitz, le président de la FFA. De fait, le marché aura surtout pâti d’une première partie d’année morose. Une fois de plus, les incertitudes électorales n’auront pas fait les affaires de l’assurance-vie. « Dans un moment d’attentisme général, les Français ont acheté de la pierre comme valeur refuge ou sont allés vers les liquidités. Mais dès que la confiance est revenue, ils ont basculé vers l’assurance-vie », avance Bernard Spitz. Au final, l’assurance-vie aura à peine moins collecté en 2017 (131,5 milliards d’euros de cotisations) qu’en 2016 (133,9 milliards).
« Une acceptation progressive du risque »
Mais, et c’est ce qui explique avant tout la chute de la collecte nette l’an dernier, les prestations ont nettement augmenté d’une année sur l’autre, passant de 116,8 milliards en 2016 à 124,2 milliards en 2017. Certains épargnants ont puisé dans leurs contrats pour
acheter un bien immobilier
. Par ailleurs, l’épidémie de grippe particulièrement meurtrière de l’hiver 2017 s’est soldée par une charge supplémentaire de prestations de l’ordre de 1 à 2 milliards d’euros.
Deux indicateurs majeurs sont toutefois bien orientés pour les assureurs. D’abord, l’encours total des contrats a continué d’augmenter (+3 % sur un an) pour atteindre 1.676 milliards d’euros à fin décembre. Ce qui est central dans le modèle économique des compagnies, puisque, en assurance-vie, ce sont les encours qui font leurs revenus.
Ensuite, les assureurs sont enfin arrivés à faire décoller la part d’unités de compte – des supports plus risqués que les fonds euros car investis pour partie en actions et ne donnant pas la garantie en capital – dans la collecte brute. En 2017, les unités de compte (UC) ont représenté 28 % des cotisations, contre 20 % en 2016 et 21 % en 2015. Sur le seul mois de décembre, la proportion atteint 31 %. Depuis plusieurs années, les compagnies ne ménagent pas leur peine pour
réorienter la collecte vers les UC
. Elles ont tout y intérêt, alors que les fonds euros leur demandent d’immobiliser davantage de fonds propres.
« Il y a une acceptation progressive du risque. Les Français se sont faits à l’idée que les rendements des fonds euros ne sont plus ce qu’ils étaient et qu’il faut donc accepter une part minimum de risque pour espérer une meilleure rémunération », estime Bernard Spitz.
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