LAURENT THÉVENIN
GROUPAMA A VERSÉ L’AN DERNIER 190 MILLIONS D’EUROS AU TITRE DE L’ASSURANCE MULTIRISQUE CLIMATIQUE SUR RÉCOLTES. UN QUART SEULEMENT DES SURFACES AGRICOLES SERAIT PROTÉGÉ.
Pas de répit pour l’assurance agricole. Celle-ci a été de nouveau fortement sollicitée en 2017. Groupama, le leader du marché en France, a indiqué mercredi avoir versé l’an dernier 190 millions d’euros d’indemnisations au titre de l’assurance multirisque climatique sur récoltes (MRC). Un montant certes bien moindre que
la charge de sinistres record enregistrée par le groupe en 2016 (420 millions d’euros),
mais qui reste à un niveau élevé.
L’an dernier, c’est le gel qui a coûté le plus cher (50,2 % du total), devant la grêle (24,5 %) et la sécheresse (17,7 %). La viticulture a représenté à elle seule plus de la moitié des indemnités versées par l’assureur.
Groupama, qui a encaissé en 2017 plus de 200 millions d’euros de cotisations pour couvrir ces risques, n’est pas à l’équilibre technique sur cette ligne d’activité. Depuis la création de la MRC en 2005, son ratio sinistres à primes avoisine les 100 % alors que l’équilibre se situe autour de 75-80 %. Au niveau du marché, cet indicateur est encore plus élevé, à 104 % sur cette même période, précise l’assureur.
« Besoin de résilience »
« L’assurance agricole a un avenir », a toutefois affirmé Jean-Yves Dagès, le président de Groupama SA, lors d’une rencontre avec la presse. Entre le dérèglement climatique et la volatilité croissance du cours des matières premières, « il y a un besoin toujours plus grand de résilience », fait-il valoir.
Reste que
très peu d’agriculteurs sont aujourd’hui assurés
. Selon les chiffres avancés par Groupama, un quart seulement des surfaces serait protégé – un taux de diffusion qui se stabilise. « A brève échéance, les dispositifs assurantiels ne seront plus en état de fonctionner faute de pouvoir mutualiser le risque à une échelle suffisante », prévient l’assureur. L’équation est claire, selon le groupe : « Pour pérenniser la MRC, il faut doubler la surface protégée », avance Jean-Yves Dagès.
Mais « sans incitation, on n’atteindra jamais les niveaux qui permettraient d’avoir une bonne mutualisation », insiste François Schmitt, président délégué de la Fédération nationale Groupama. L’assureur milite pour une transposition en France des possibilités ouvertes par le règlement Omnibus récemment adopté au niveau européen. Ce texte élargit en effet les conditions d’intervention des assurances, avec une franchise abaissée à 20 %, contre 30 % actuellement, pour les contrats « socles ». Il est également prévu que ceux-ci puissent bénéficier d’une subvention, via le budget de
la politique agricole commune (PAC)
, pouvant aller jusqu’à 70 % de la prime payée par l’agriculteur, contre un maximum de 65 % aujourd’hui.
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